Les endocardites à Staphylococcus aureus – À propos d’une méthode inspirée des réunions de morbi-mortalité pour identifier de nouveaux facteurs pronostiques potentiels - 22/05/21
Résumé |
Introduction |
L’endocardite infectieuse (EI) est une infection rare (incidence 30 à 35 cas/millions d’habitants/an en France). Staphylococcus aureus (SA) est le premier agent infectieux responsable d’EI. Par rapport aux EI à streptocoques et entérocoques, il est associé à une mortalité plus importante (20 à 30 % de mortalité intra-hospitalière) et à des complications plus fréquentes (12 à 35 % d’emboles symptomatiques, 25 à 50 % de chocs septiques, 15 à 45 % d’indications de chirurgie valvulaire). Certains facteurs pronostiques des EISA sont connus (âge, gravité de l’infection, comorbidités, …). Malgré des progrès dans l’identification et la prise en charge de ces facteurs pronostiques, mais aussi dans le diagnostic et la prise en charge des EISA, la morbi-mortalité de cette infection reste élevée. Il est donc crucial d’identifier de nouveaux facteurs pronostiques afin de proposer des prises en charge innovantes permettant d’améliorer la survie de ces patients. Notre objectif était d’identifier de nouveaux facteurs pronostiques de l’EISA.
Méthodes |
Une approche mixte combinant des méthodes qualitatives à une approche quantitative plus classique a été privilégiée. Nous avons utilisé les données de la cohorte multicentrique française EI2008 conduite dans sept régions françaises. Les patients inclus étaient adultes et présentaient une EI possible ou certaine selon la classification de Duke et Li. Ils ont été suivis durant un an. Les caractéristiques sociodémographiques, cliniques et paracliniques ont été recueillies sur cahier d’observation (CRF) à partir des dossiers médicaux. Nous avons sélectionné les EISA certaines. Pour l’approche qualitative, nous nous sommes inspirés des revues de morbi-mortalités pour identifier de nouveau facteurs pronostiques potentiels. L’approche consistait en une lecture complète approfondie et sans a priori des dossiers médicaux de 30 patients tirés au sort (15 survivants et 15 décédés) afin d’identifier les facteurs (non recueillis dans le CRF et non décrits dans la littérature) ayant pu avoir un rôle favorable chez les survivants et défavorable chez les décédés. Pour l’approche quantitative, il s’agissait de recueillir les données relatives aux facteurs identifiés par l’approche qualitative sur l’ensemble des patients avec EISA certaine. Puis nous avons estimé la valeur pronostique de chaque facteur par analyse statistique utilisant des modèles de Cox. Le seuil de significativité était de 0,05.
Résultats |
Parmi les 134 EISA certaines inclus, 64 sont décédés durant la première année. Par l’approche qualitative, nous avons identifié 36 facteurs supposés défavorables et 22 facteurs supposés favorables réparties en cinq catégories : terrain du patient, gravité du patient à la prise en charge, éléments liés à la prise en charge, éléments organisationnels et éléments liés à l’évolution durant l’hospitalisation. En analyse multivariée, un facteur supposé favorable a une influence significative sur la survie (« diminution de taille végétation/abcès au cours de la prise en charge » HR 0,34 [0,12-0,96] p=0,0424) contre deux facteurs supposés défavorables (« Traitement par AINS » HR 2,91 IC95[1,35-6,26] p=0,0063 et « Indication chirurgicale non respectée » HR 1,90 [1,05-3,44] p=0,0328).
Conclusion |
Cette méthode, combinant une approche qualitative inspirée des revues de morbi-mortalité à une approche quantitative classique, pourrait permettre d’identifier de nouveaux facteurs pronostiques.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Staphylococcus aureus, Endocardite infectieuse, Facteurs pronostiques
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Vol 69 - N° S1
P. S34 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.