Divergences entre l’évolution de la satisfaction corporelle et l’évolution de la corpulence chez les adolescents : caractéristiques sociodémographiques associées - 22/05/21
Résumé |
Introduction |
L’efficacité à long terme des interventions de prévention du surpoids et de l’obésité chez les adolescents pourrait être limitée par des divergences entre l’évolution de la satisfaction corporelle et l’évolution réelle de la corpulence. La description de ces divergences, de même que l’identification des facteurs qui y sont associés restent encore peu étudiées. L’objectif de cette étude était de décrire les divergences entre l’évolution de la satisfaction corporelle et l’évolution réelle de la corpulence chez des adolescents qui ont participé à une intervention de deux ans, et d’identifier les facteurs sociodémographiques associés.
Méthodes |
Les données d’adolescents ayant participé à l’essai de prévention PRALIMAP (PRomotion de l’ALIMentation et de l’Activité Physique), réalisé en milieu scolaire dans le Nord-Est de la France entre 2006 et 2009, ont été utilisées. L’évolution réelle de la corpulence était calculée par la différence du z-score de l’indice de masse corporelle (IMC) entre le début (T0) et la fin de l’intervention (T2), et l’évolution de la satisfaction corporelle était recueillie par auto-questionnaire à T2. Des données sur la santé perçue (qualité de vie, anxiété, dépression et troubles du comportement alimentaire) étaient recueillies par auto-questionnaire à T0 et T2. Des tests t de Student appariés ont été utilisés pour décrire l’évolution réelle de la corpulence en fonction de l’évolution de la satisfaction corporelle. Des tableaux de contingences ont été réalisés pour décrire les divergences entre l’évolution de la satisfaction corporelle et l’évolution réelle de la corpulence. Des modèles de régression logistique multivariée ont permis d’identifier les caractéristiques sociodémographiques associées aux divergences. L’évolution (T2-T0) de la santé perçue en fonction des divergences identifiées a été décrite à l’aide de tests t de Student appariés.
Résultats |
Parmi les 3279 adolescents inclus (âge moyen ± écart type : 15,1±0,6 ans), le z-score de l’IMC diminuait significativement chez ceux qui se sentaient mieux (moyenne=−0,23 ; p<0,0001) ou pareil (moyenne=−0,05 ; p<0,0001) suite à l’intervention et augmentait significativement chez ceux qui se sentaient moins bien (moyenne=0,13 ; p<0,0001). Toutefois, les tableaux de contingence révélaient 74,8 % de divergence entre l’évolution de la satisfaction corporelle et l’évolution réelle de la corpulence (pessimisme : 41,6 % ; optimisme : 33,2 %). La divergence, et plus spécifiquement le pessimisme, était davantage identifié chez les garçons que chez les filles (Odds Ratio (OR)=1,44 ; IC 95 % [1,19 ; 1,74] ; p=0,0002), et davantage chez les adolescents socialement favorisés que moins favorisés (OR=1,82 ; IC 95 % [1,20 ; 2,74] ; p=0,02). Globalement l’évolution de la satisfaction corporelle était plus en accord avec l’évolution de la santé perçue qu’avec l’évolution réelle de la corpulence.
Conclusion |
La fréquence de la divergence entre l’évolution de la satisfaction corporelle et l’évolution réelle de la corpulence est élevée chez les adolescents scolarisés, et survient avec une probabilité plus élevée chez les garçons et les adolescents issus de milieux sociaux favorisés. L’évolution de la satisfaction corporelle pourrait être prise en compte, au même titre que l’évolution réelle de la corpulence, dans les interventions de prévention du surpoids et de l’obésité à l’adolescence afin d’optimiser leur efficacité à long-terme.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Satisfaction corporelle, Corpulence, Adolescent, Prévention
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Vol 69 - N° S1
P. S38-S39 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.