L’incidence du cancer au Liban montre une augmentation annuelle alarmante. Parmi les facteurs de risque figurent les polluants environnementaux. Chekka est une ville industrielle du Nord du Liban et c’est le centre de nombreuses industries et usines, donc considérée comme la ville la plus polluée du district de Batroun. Un risque critique pour la santé provient également de l’usine d’amiante abandonnée mais où les tuyaux restants conduisent à des cas de mésothéliome. Cette étude se concentre sur la région de Chekka en tant que population modèle d’étude pour évaluer la sensibilisation des habitants aux facteurs de risque de cancer et l’étendue de la propagation du cancer dans leur région.

L’étude a été approuvée par le comité d’éthique de l’Université Jinan et tous les participants ont signalé leur consentement éclairé. Cette évaluation a été réalisée sous forme d’entretiens en face à face à l’aide des questionnaires validés de mesure de sensibilisation au cancer. Pour la première partie, les participants ont été interrogés sur les membres de famille au premier ou au deuxième degré touchés par le cancer. Pour la sensibilisation aux facteurs de risque de cancer, les données se rapportent à la connaissance de 11 facteurs de risque pour le cancer, couvrant quatre catégories : risque comportementaux, environnementaux, génétiques et psychosociaux, proposés dans un ordre aléatoire. Les caractéristiques sociodémographiques (âge, état matrimonial..) et les habitudes de santé personnelles telles que le tabagisme, l’exercice physique et la consommation d’alcool ont également été obtenues. Des ratios de prévalence avec des intervalles de confiance à 95 % ont été calculés pour examiner les associations entre l’âge, le niveau d’éducation et la connaissance des facteurs de risque.

Les résultats montrent que la majorité des 150 familles interrogées ont été touchées par la maladie, avec la prévalence la plus élevée dans la région pour le cancer du poumon et du sein. Sur la base des réponses, 86 % des participants ont au moins une personne dans leur famille touchée par le cancer, et 14 % d’entre eux connaissent au moins 4 patients atteints de cancer. Les habitants de la région sont conscients de l’effet de la pollution industrielle sur leur santé (91,33 % des répondants), mais semblent moins informés sur d’autres facteurs de risque possibles. Les facteurs les moins choisis étaient liés aux choix alimentaires et diététiques avec seulement 5,33 % et 18 % des répondants qui considéraient une alimentation pauvre en fruits et une consommation de viande rouge comme des facteurs pouvant conduire au cancer. Le rôle de l’obésité et de la consommation d’alcool ont également été sous-estimés.

Les résultats montrent que les facteurs de risque de cancer les moins reconnus sont tous des facteurs de risque comportementaux et donc modifiables. Par conséquent, les stratégies de santé publique sont importantes pour sensibiliser la population générale à la maladie, mais surtout dans les villes à proximité des industries. En effet, une meilleure compréhension des facteurs de risque potentiels pour les personnes vulnérables pourrait réduire le fardeau du cancer dans ces villes.