Au Burkina Faso, la prévalence de bonnes pratiques de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE) demeure faible malgré de nombreuses politiques existantes. De plus, on note des disparités entre les groupes en matière de bonne pratique de l’ANJE. Il serait intéressant d’investiguer afin d’identifier les catégories de mères qui ne sont pas atteintes par ces politiques. C’est dans ce sens que cette étude a été initiée afin d’analyser l’ampleur et l’évolution des inégalités sociales en matière de bonnes pratiques de l’ANJE de 1993 à 2010 au Burkina Faso.

À cet effet, les données des quatre dernières enquêtes démographiques et de santé du Burkina Faso (EDSBF : 1993, 1998, 2003, 2010) et une méthodologie combinant une analyse descriptive et une mesure des inégalités à l’aide des indices de mesure absolue (différence) et relative (indice de concentration) des inégalités ont été compilées. En effet, l’indice de mesure absolue et de concentration permettront de mesurer respectivement la différence absolue entre deux sous-groupes et l’inégalité relative entre plusieurs sous-groupes. L’influence des variations d’influences d’échantillonnage sera appréhendée par le test Wald.

Les résultats des différentes analyses montrent la persistance des inégalités en matière d’initiation précoce à l’allaitement maternel (IPAM), de l’allaitement maternel exclusif (AME) et de l’introduction d’aliment de complément (IAC). En effet, les inégalités d’IPAM (Fig. 1) selon le nombre de consultations prénatales et selon le lieu d’accouchement ont augmenté respectivement de 0,014 à 0,074 (p=0,035) et de 0,060 à 0,139 points de pourcentage (pp) (p=0,000) entre 1998 et 2003. Elles ont diminué selon le type d’accouchement de 0,159 à 0,089 pp (p=0,000) entre 1998 et 2003. Ensuite, la tendance des inégalités d’AME s’est atténuée selon le groupe d’âge de 0,218 à 0,176 (p=0,017) entre 1998 et 2003. Elle a augmenté entre 1993 et 1998 selon le statut d’alphabétisation de 0,024 à 0,082 pp (p=0,000). Elle a diminué entre 1998 et 2010 selon le milieu de résidence de 0,110 à 0,016 pp (p=0,001). Enfin, les inégalités d’IAC ont diminué selon le niveau de vie économique entre 2003 et 2010 de 0,134 à 0,034 (p=0,036). Elles ont augmenté de 1993 à 1998 selon le milieu de résidence de 0,271 à 0,323 pp (p=0,005).

L’omniprésence des inégalités de l’ANJE à la hausse pourrait compromettre la réalisation des objectifs du développement durable et d’autres objectifs nationaux et régionaux. Pour contrer les inégalités il est recommandé de cibler les interventions sur les groupes les moins favorisés grâce à des mécanismes de ciblage appropriés et à des stratégies efficaces de prestation de services.