Le métier de chauffeur-livreur de farine est d’une grande intensité physique qui vient questionner nos pratiques de prévention en service de santé au travail. Nous avons décidé d’accompagner une entreprise pour diminuer cette pénibilité. Ainsi, pour évaluer l’intensité physique du travail et valider l’amélioration des conditions de travail ressenties par les salariés, deux études ont été réalisées sur 10 ans par une équipe pluridisciplinaire (médecin du travail et ergonome).

Deux études de cardiofréquencemétrie et d’ergonomie ont été réalisées en 2010–2012 et en 2017–2019 avec les mêmes outils d’observation et d’analyse. Au total, 52 journées d’enregistrement de fréquence cardiaque pour 13 salariés et 6 journées d’observation des postes de travail ont été analysées. La participation active de l’entreprise a été constante (direction, CHSCT, salariés).

Les améliorations proposées (organisation des tournées, matériel mis à disposition des chauffeurs-livreurs, l’aménagement des lieux de stockage chez les boulangers …) par le service de santé au travail ont été reprises et retravaillées par l’entreprise ce qui explique, pour une large part, la diminution de la pénibilité. En effet, nos analyses montrent une très nette réduction de l’astreinte cardiaque (crêtes de fréquence cardiaque, grilles de pénibilité et temps de dépassement des seuils aérobie et anaérobie) et des contraintes physiques (évolution des modes opératoires) entre les deux périodes. Elles valident le ressenti des salariés qui témoignaient de la diminution de la pénibilité au cours des visites médicales.

Le travail pluridisciplinaire médecin du travail/ergonome, avec l’utilisation des deux outils cardiofréquencemétrie/ergonomie permet de valider ou non une diminution de la pénibilité des postes physiques en impliquant tous les acteurs de l’entreprise. L’absence de cadre juridique des études de cardiofréquencemétrie ne nous permet pas d’intervenir plus largement là où des salariés en auraient besoin et où les entreprises hésitent à s’engager dans ce type d’étude.

The job of flour delivery driver is a very physically demanding role that brings into question current preventative practices in the name of occupational health and safety. We have partnered with a local business to reduce this arduousness. Thus, to evaluate the physical intensity of the work and validate the improvement in working conditions felt by the employees, two studies were carried out over 10years by a multidisciplinary team (occupational physician and ergonomist).

Two studies on cardio frequency measurement and ergonomics were carried out in 2010–2012 and 2017–2019 using the same observation and analysis tools. A total of 52days of heart rate recording was saved for 13 employees and 6days of working condition observations were analysed. The active participation of the company was constant (management, CHSCT, employees).

The improvements proposed by the Occupational Health Service (organising delivery tours, delivery drivers’ equipment, changing storage facilities in bakeries) … have been taken up and reworked by the company, which explains the reduction in arduousness. Indeed our analyses show a very clear decrease in cardiac stress (heart rate peaks, stress grids and time spent in zones past both aerobic and anaerobic peaks) and physical constraints (changes in operating modes) between the two periods. They validate the feelings of the employees who testified to the reduction in arduousness during medical visits.

The multidisciplinary work of the occupational physician/ergonomist, with the use of two cardiofrequency/ergonomics tools, makes it possible to validate or dismiss a reduction in the arduousness of physical posts by involving all the actors in the company. The lack of a legal framework for cardiofrequency studies does not allow us to intervene more widely where employees would need it and where companies are reluctant to engage in this type of study.