La Prévalence et les facteurs associés aux infections chez les patients lupiques - 11/06/21
Résumé |
Introduction |
Le lupus érythémateux systémique est une maladie auto immune doté d’un polymorphisme clinique et biologique important. Pour toutes les maladies systémiques, l’infection reste la hantise de l’interniste. Plusieurs facteurs sont prédictifs d’infection. L’objectif de cette étude était de déterminer la prévalence, décrire la nature et d’analyser les facteurs de risques d’infections chez les malades atteints de lupus érythémateux systémique.
Patients et méthodes |
Il s’agissait d’une étude rétrospective descriptive et analytique portant sur des malades lupiques Tunisiens suivis entre 2010 et 2019. Le diagnostic de lupus a été retenu devant les critères de l’American College of Rheumatology révisée en 1997. Quatre-vingt-treize patients ont été inclus dans l’étude et étaient répartis en 2 groupes : Le groupe 1 comportant les patients ayant présenté une infection au cours de leur suivi et le groupe 2 correspondant aux patients n’ayant pas présenté d’infection au cours du suivi.
Résultats |
Nous avons inclus 72 femmes et 21 hommes. L’âge moyen de début de la maladie était de 33,63±13,76 ans. Cinquante-deux malades (56 %) ont développé 118 épisodes infectieux. Vingt-sept (52 %) avaient eu une seule infection, 23 (44 %) entre 2 et 6 infections, 2 (4 %) plus que 6 infections. Parmi les épisodes infectieux, 19 (16 %) étaient graves et 8 (7 %) ont nécessité un séjour en réanimation. Soixante-six pourcent des séjours en réanimation ont eu lieu suite à des infections. Le délai moyen d’apparition d’une infection était de 26,7±44,8 mois. La majorité (78 %) des infections ont eu lieu après 55 mois du diagnostic de la maladie. L’infection bactérienne a été documentée devant 42 épisodes et a été probable dans 39 cas basée sur des présomptions cliniques. Lors de l’isolement des germes, on a remarqué une prédominance des bactéries à Gram- par rapport aux bactéries à Gram+ (25 vs 10).). Pour les bactéries à Gram-, on a noté la prédominance d’Escherichia Coli (29 %) suivie de Klebsiella Pneumoniae (19 %) et de Pseudomonas Aeruginosa (5 %). Pour les bactéries à Gram+, le Staphylococcus Aureus était le germe le plus isolé (21 %). Parmi les malades infectés, 7 ont développé une tuberculose au cours de leur suivi. Dix-sept infections fongiques (14 %) ont été identifiées, le champignon le plus isolé était le Candida Albicans (59 %). Nos patients ont présenté 15 infections virales. Il s’agissait principalement d’infection par le Virus varicelle-zona (47 %), suivie d’infection par le Cytomégalovirus (33 %), l’Influenzae virus de type H1N1 et le Virus Epstein-Barr (7 % chacun). L’étude uni variée a montré que les patients qui ont développé des infections avaient un nombre significativement important de poussées (p=0,008), des manifestations générales (p=0,001), cardiaques (p=0,03), pulmonaires (<0,001), rénales (0,01) et neuropsychiatriques (p=0,001) que les malades non infectés ainsi qu’une CRP plus importante (p=0,005). Le risque d’infection était plus important lors de l’usage des corticoïdes (OR=5,1 [95 % CI 1–26,2]) et du cyclophosphamide (OR=3,5 [95 % CI 1,4-9,1]). L’analyse bivariée a mis en évidence une corrélation positive entre les doses cumulées totales de corticoïdes et le nombre d’infections (p=0,004) ainsi que la survenue d’infections graves (p=0,009). Nous avons observé aussi une corrélation positive entre la dose cumulée totale du cyclophosphamide et le nombre d’infections (p=0,008). L’usage des antipaludéens de synthèse avait un effet protecteur sur la survenue d’infections graves (OR=0,19 [95 % CI 0,03–0,9]) p=0,03.
Conclusion |
Les pathologies infectieuses au cours du lupus surviennent majoritairement au cours des 5 premières années de suivi. L’infection constitue l’une des principales causes d’hospitalisation. La présentation clinique des infections peut mimer une poussée de la maladie, ce qui peut retarder le diagnostic. Un traitement adéquat doit être prescrit précocement, mieux encore des protocoles de dépistage ou de prophylaxie doivent être mis en place.
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Vol 42 - N° S1
P. A111 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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