Tableau de fibromyalgie secondaire à l’implant Essure® : un possible intérêt des dosages urinaires de métaux lourds - 11/06/21
Résumé |
Introduction |
Les micro-implants Essure® sont des dispositifs médicaux commercialisés en France à partir de 2001. Ils étaient initialement indiqués pour le traitement d’hydrosalpynx, mais devant leur facilité d’implantation, ils ont progressivement été utilisés pour la stérilisation tubaire. Environ 750 000 procédures ont été réalisées jusqu’à leur retrait du marché en 2017 [1 ]. L’abandon de cette technique peu invasive a été motivé par une recrudescence des signalements d’effets secondaires gynécologiques et systémiques par des patientes porteuses de ces dispositifs.
Observation |
Nous rapportons le cas d’une patiente de 33 ans aux antécédents d’endométriose avec atteinte digestive (stade 4) et d’un syndrome des ovaires polykystiques responsables d’une infertilité primaire. Elle a bénéficié de 6 tentatives de fécondation in vitro compliquées de grossesses extra-utérines, de syndrome d’hyperstimulation ovarienne et de 2 hémopéritoines suite à des ponctions folliculaires. Un implant Essure® a été posé au niveau de la trompe gauche pour traiter un hydrosalpynx dans l’espoir d’une grossesse spontanée en 2015. Finalement une grossesse intra-utérine évolutive a été possible suite à un don d’embryon en Espagne et la patiente a donné naissance à un petit garçon à 39 semaines d’aménorrhée par césarienne en 2019. Parallèlement à l’histoire gynéco-obstétricale, on note l’apparition progressive dans les 3 années suivant la pose de l’implant d’une asthénie chronique majeure et de douleurs inflammatoires du rachis cervical, des épaules, des coudes, des poignets, des genoux et des petites articulations des mains. L’atteinte articulaire était bilatérale et symétrique associée à une raideur matinale sans gonflement articulaire ni dactylite. Elle n’a pas signalé de fièvre, d’uvéite ni d’épisode digestif. Devant la normalité du bilan de rhumatisme inflammatoire, le diagnostic de fibromyalgie a été initialement posé. À noter, qu’aucune cause infectieuse ou néoplasique n’avait été identifiée. Elle a rapporté enfin plusieurs infections ORL à type de sinusite et d’angine en 2020. Suite à la médiatisation des effets secondaires possibles des implants Essure®, il a été chez notre patiente une possible intoxication aux métaux lourds à partir de 2020. Les patch-tests étaient en faveur d’une hypersensibilité au chrome, au nickel et au titane. Les dosages urinaires de métaux lourds retrouvaient des valeurs augmentées notamment pour le nickel à 4,2μg/L (norme inférieure à 2μg/L) et l’étain à 6,1μg/L (norme inférieure à 2μg/L). Le retrait de l’implant a été réalisé par salpingectomie permettant une résolution progressive et complète de ses symptômes sur 3 mois.
Discussion |
Les implants Essure® sont composés d’une association de nickel-titane ainsi que de polyéthylène téréphtalate, tandis que les soudures sont réalisées en étain [1 ]. À partir d’analyses anatomopathologiques tubaires, al a été démontré que ces soudures se détérioraient très rapidement dans les 6 premiers mois in vivo entrainant la libération des microparticules d’étain responsables d’une réaction inflammatoire locale pouvant expliquer les symptômes gynécologiques (dyspareunie, ménorragies et douleurs pelviennes) [1 ]. Parent et al. ont mis en évidence des traces de nickel et de chrome à des concentrations supérieures aux normes chez des patientes non fumeuses et non exposées professionnellement dans le liquide péritonéal faisant évoquer une diffusion systémique des particules inorganiques pouvant constituer une hypothèse physiopathologique aux symptômes généraux [2 ]. L’intérêt diagnostique des patch tests n’a pas été prouvé et celui des dosages urinaires n’a jamais été étudié. Le retrait chirurgical des implants chez 90 patientes a permis une amélioration majeure des symptômes à 1 mois de la chirurgie chez 46,7 % de patientes et à 2 ans chez 83 % des patientes néanmoins, d’autres études rapportent des effets bénéfiques moindres.
Conclusion |
De plus en plus de données de la littérature sont en faveur d’une imputabilité des implants Essure à certains syndromes douloureux chronique. Leur ablation pourrait être plus facilement motivée par la réalisation relativement aisée de dosages urinaires voire sanguins de métaux lourds.
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Vol 42 - N° S1
P. A136 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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