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Premier cas d’aortite apparue le lendemain d’une première injection de GCSF - 11/06/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.03.098 
P.L. Conan 1, , M. Robert 1, E. Peroux 2, L. Thomas 3, S. Khenifer 4
1 Maladies infectieuses et tropicales, hôpital d’instruction des Armées Bégin, Saint-Mandé 
2 Radiologie, hôpital d’Instruction des Armées Bégin, Saint-Mandé 
3 Pharmacovigilance, hôpital Henri-Mondor AP–HP, Créteil 
4 Médecine interne–oncologie, hôpital Bégin, Saint-Mandé 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Avec moins de trente cas décrits dans la littérature depuis leur première description en 2004, les aortites secondaires aux G-CSF sont mal connues des praticiens. Elles apparaissent en général 1 semaine après l’administration de G-CSF. La prise en charge habituelle – bien que non prouvée – consiste en une corticothérapie systémique et la contre-indication définitive des G-CSF. Nous rapportons un cas d’aortite secondaire au GCSF apparue le lendemain de la première injection de G-CSF.

Observation

Une femme de 56 ans atteinte d’un cancer du sein était hospitalisée pour hyperthermie depuis 10jours. Le cancer du sein localisé, sans surexpression de HER2, avait été diagnostiqué 5 mois plus tôt. Il était non métastatique et HER2 négatif. Elle avait bénéficié d’une mastectomie et d’un curage axillaire homolatéral puis de 3 cures de chimiothérapie adjuvante par EPIRUBICINE CYCLOPHOSPHAMIDE. Elle n’avait pas reçu de prophylaxie primaire de la neutropénie fébrile par C-SCF pour cette ligne. La tolérance avait été excellente. En janvier 2020, elle avait reçu une cure de DOCETAXEL associé à une prémédication par corticothérapie systémique (la veille, le jour de la chimiothérapie et le lendemain) et une injection sous-cutanée prophylactique de PEGFILGRASTIM (un G-CSF à longue durée d’action) le lendemain de la chimiothérapie. La fièvre était apparue le lendemain (J3 du DOCETAXEL, J2 du PEGFILGRASTIM). En l’absence de signe de gravité clinique, une antibiothérapie probabiliste par AMOXICILLINE-ACIDE CLAVULANIQUE était initiée en ambulatoire. Devant une persistance de l’hyperthermie, la patiente consultait dans notre centre (J11 du DOCETAXEL/J10 du PEGFILGRASTIM). L’examen clinique retrouvait une hyperthermie isolée à 39°C sans signe de gravité ni de point d’appel infectieux. Le bilan biologique trouvait un syndrome inflammatoire biologique (27 350/mm3 leucocytes dont 23 676 neutrophiles/mm3 et une CRP à 64mg/L). Les bilans rénal et hépatique étaient normaux. Le bilan microbiologique était négatif (hémocultures couplées sur chambre implantable et sang veineux périphérique, ECBU, PCR grippe et VRS). Le scanner thoraco-abdomino-pelvien avec injection concluait à un épaississement de la paroi de la crosse aortique et de l’origine de l’artère sous-clavière gauche. Le bilan d’aortite était négatif (sérologie syphilis, anticorps anti-nucléaires, ANCA, facteur rhumatoïde, échographie doppler des artères temporales). Une aortite secondaire à l’injection de G-CSF était suspectée et une corticothérapie systémique à haute dose était initiée (1mg/kg par jour (50mg) pendant 2 semaines avec décroissance de 10mg par semaine pendant 2 semaines puis arrêt). L’évolution était rapidement favorable avec une apyrexie en 24heures et une régression du syndrome inflammatoire biologique. Le scanner de contrôle à un mois confirmait l’évolution favorable avec une disparition complète des lésions d’aortite. Après un an d’évolution, la patiente n’a pas présenté de récidive de l’aortite.

Discussion

Les effets indésirables les plus fréquents des G-CSF sont la douleur au point d’injection, les arthro-myalgies et des perturbations du bilan hépatique. Une étude japonaise de 2019 avait montré une association entre prescription de G-CSF et survenue d’aortite (odds-ratio 45,87 [rang inter-quartile 19,16–109,8], p<0,001) [1]. Aucun facteur de risque n’est déterminé à ce jour. L’évolution est généralement bonne même si un cas de rupture d’anévrysme a été décrit. Une corticothérapie systémique à haute dose est généralement prescrite. Notre cas est la première aortite qui apparaît dès le lendemain de l’injection d’une première injection de G-SCF. LA médiane de survenue est de 7jours dans une revue récente [2]. Les mécanismes potentiels de l’aortite induite par le G-CSF sont la dysrégulation de la fonction des neutrophiles, la libération secondaire de cytokines et les dommages causés par les métabolites toxiques libérés par les neutrophiles.

Conclusion

Les aortites post-injections de G-CSF sont des effets indésirables rares. Elles doivent être recherchées en cas de fièvre et/ou de syndrome inflammatoire inexpliqué dans la semaine après l’injection de G-CSF.

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Vol 42 - N° S1

P. A137-A138 - juin 2021 Retour au numéro
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