Dépistage de l’anxiété et de la dépression chez les patients atteints d’une maladie de Behçet - 11/06/21
Résumé |
Introduction |
La maladie de Behçet (MB) est une vascularite multisystémique fréquente qui touche essentiellement l’homme jeune. Elle peut avoir un impact sur l’état émotionnel des malades. L’anxiété et la dépression rencontrées sont multifactorielles : secondaires à la maladie, aux traitements et à l’handicap socioprofessionnel. Les objectifs de notre travail sont d’évaluer l’état émotionnel au cours de la maladie de Behçet en dépistant l’état d’anxiété et de dépression ainsi que d’identifier les facteurs qui les influencent.
Patients et méthodes |
Nous avons mené une étude transversale, descriptive et analytique dans le service de Médecine interne (Sfax-Tunisie) colligeant des patients atteints de MB selon les critères diagnostiques « The International Criteria for Behçet's Disease » et dont l’âge supérieur ou égal à 18 ans, sur une période de 5 mois. Nous avons évalué l’état émotionnel de nos patients à travers un questionnaire dépistant le degré d’anxiété et de dépression qui est l’échelle « Hospital Anxiety and Depression Scale » de Zigmond et Snaith (HADS). Il s’agit d’un auto-questionnaire mixte, composé de 14 items : 7 items pour l’anxiété (HAD A) et 7 autres pour la dépression (HAD D). Pour un score total HAD A ou HAD D inférieur à 8 signifie l’absence d’anxiété ou de dépression ; un score compris entre 8 et 10, il s’agit d’un état anxieux ou dépressif douteux. Au-delà de 10, l’état anxieux ou dépressif est certain. Un score global HAD supérieur à 19 indique la présence d’un épisode dépressif majeur. Nous avons évalué aussi la qualité de vie (QDV) de ces patients par deux questionnaires le SF-36 et le BD-QoL afin d’étudier l’impact de l’état émotionnel sur la QDV.
Résultats |
Durant la période de l’étude allant de septembre 2019 à février 2020, nous avons inclus 47 patients dont l’âge moyen au moment de l’entretien était de 49,87 ans (24 à 71 ans) avec un pic de fréquence entre 51 et 60 ans (23 cas soit 48,9 %). La prédominance masculine est nette : 34 hommes (72,3 %) et 13 femmes (27,7 %). Vingt et un malades (44,6 %) exerçaient une profession. Le nombre de chômeurs était de 19 (40,4 %) et le nombre de retraité était de 7 (14,8 %). Quinze (31,9 %) étaient de niveau socio-économique bas et 32 (68,1 %) de niveau moyen. La majorité de nos patients (33 malades) vivait avec leur conjoint. La durée d’évolution moyenne de la maladie était de 15,11 ans±8,3 avec des extrêmes de 1an à 35 ans. La maladie était active chez 15 malades (31,9 %) avec un score BDCAF>ou égal à 6. Au moment de l’entretien, le score moyen du HAD Anxiété était de 7,85±4,1 (1–18), et celui du HAD Dépression était de 5,61±3,84 (0–15). La majorité des patients (34 soit 72 %) avait un score HAD D<à 8 et presque la moitié (23 soit 48 %) avait un score HAD A<à 8 donc un état émotionnel normal. Douze patients (25 %) avaient un score HAD A> à 10 définissant un état anxieux certain et 6 patients (12,7 %) avaient un score HAD D>à 10 définissant un état dépressif certain. L’étude analytique nous a permis de trouver une corrélation positive entre le score de BD-QoL avec le score HAD A, le score HAD D et le score global HAD, ce qui signifie une altération de la qualité de vie spécifique à la maladie avec l’augmentation de ces scores. Nous avons aussi retrouvé une corrélation négative entre HAD A et le SF 36 et ses domaines relatifs à l’activité physique, la limitation liée à la santé physique, la limitation liée à la santé mentale, la vitalité, la santé mentale, le bienêtre social, la douleur physique et la santé générale. Le BD-QoL, le SF 36 et ses domaines relatifs à la limitation liée à la santé physique, limitation liée à la santé mentale, la vitalité la santé mentale et le bien-être social étaient plus altérés chez les patients qui présentaient un état anxieux, un état dépressif ou un épisode dépressif majeur.
Discussion |
Dans la littérature, plusieurs études ont analysé la probabilité d’avoir des troubles psychiques à type de dépression et anxiété au cours de la MB et ont conclu à ce que la maladie augmente le risque de dépression quatre fois plus que d’autres maladies chroniques. Ceci, implique la nécessité d’une prise de conscience accrue des signes dépressifs chez les sujets atteints de la MB. La moyenne des scores d’anxiété et de dépression de notre étude était comparable à celle retrouvée dans la littérature, toutefois les pourcentages de patients ayant un état dépressif ou anxieux étaient inférieurs à ceux de la littérature ce qui peut être expliqué par l’effectif moindre des patients inclus.
Conclusion |
Les patients souffrants de maladies chroniques et récurrentes comme la maladie de Behçet peuvent endurer un stress émotionnel et des sentiments d’anxiété et de dépression dans tous les aspects de leurs vies ce qui nécessite une prise en charge psychologique adaptée.
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Vol 42 - N° S1
P. A191-A192 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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