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Une observation rare d’halogénide mimant un pyoderma gangrenosum - 11/06/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.03.217 
I. Chabchoub , A. Chamli, N. Litaiem, T. Bacha, M. Jones, F. Zeglaoui
 Service de dermatologie, hôpital Charles-Nicolle, Tunis, Tunisie 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les halogénides représentent un groupe de dermatoses rares causées par une exposition aux dérivés iodés ou bromés. La présentation clinique est le plus souvent caractérisée par une éruption acnéiforme, urticarienne ou vasculitique. Dans de rares cas, les halogénides peuvent se présenter sous forme de lésions végétantes. Nous rapportons une observation originale d’halogénide végétante survenant dans un contexte post-opératoire, mimant un pyoderma gangrenosum (PG).

Observation

Un homme âgé de 60 ans, non taré, nous avait consultés pour une lésion végétante douloureuse localisée au niveau de l’ombilic, évoluant depuis 1 mois. Le patient rapportait avoir subi une excision chirurgicale d’une fistule entéro-ombilicale congénitale six semaines auparavant. Les soins postopératoires consistaient en une application locale de solution de povidone iodée à 10 % sur la plaie ombilicale, à raison de six fois par jour. Deux semaines après la chirurgie, une lésion ombilicale douloureuse avait commencé à se développer progressivement. L’examen cutané avait révélé une plaque hypertrophique végétante de 10cm, bien délimitée, surmontée de pustules coalescentes, entourée par un halo inflammatoire. La tomodensitométrie abdominale et l’entéro-IRM étaient sans anomalies. Les examens myco-bactériologiques étaient négatifs. Le diagnostic initial était celui d’un PG post-opératoire dans sa forme végétante. L’examen histologique a par la suite redressé le diagnostic en révélant une hyperkératose orthokératosique, et une hyperplasie pseudo-épithéliomateuse de l’épiderme avec des abcès intraépidermiques remplis de neutrophiles et d’éosinophiles. Il s’y associait un œdème du derme papillaire et un infiltrat inflammatoire dermique diffus neutrophilique et éosinophilique. L’immunofluorescence directe était négative. Le taux d’iode urinaire était élevé à 311μg/l. Le diagnostic d’halogénide iodée était ainsi retenu sur la base des données cliniques, biologiques et histologiques. Le bilan thyroïdien était sans anomalies. L’utilisation de la povidone iodée a été arrêtée et le patient a été mis sous corticothérapie générale (prednisolone 1mg/kg/jour) pendant 1 semaine. Une nette amélioration a été notée après 10jours et une disparition complète de la lésion après 5 semaines.

Conclusion

La classe des halogènes comprend le brome, l’iode, et le fluor mais seuls les réactions cutanées liées à l’exposition au brome et à l’iode font réellement partie des halogénides et semblent très rares actuellement. La physiopathogénie des halogénides iodées est encore inconnue. L’hypothèse d’une réaction d’hypersensibilité retardée a été évoquée. L’accumulation systémique de l’iode semble être un facteur important. La cause peut être médicamenteuse (amiodarone, certains antitussifs, compléments alimentaires contenant de l’iodure…) ou peut être secondaire à l’iode radioactif utilisé dans le traitement de l’hyperthyroïdie, ou aux produits de contraste iodés administrés lors d’explorations radiologiques. Dans notre cas, l’étiologie était l’application fréquente de la povidone iodée sur la plaie ombilicale, responsable d’une absorption percutanée importante d’iode. Les formes végétantes d’halogénides se voient au niveau des plis, y compris l’ombilic. L’aspect végétant peut faire évoquer plusieurs diagnostics : pemphigus végétant, mycose profonde, maladie de Crohn, dermatoses neutrophiliques, pyodermite végétante… Dans notre cas, le diagnostic de PG végétant était initialement évoqué devant le contexte post-opératoire (phénomène pathergique). Le diagnostic positif d’halogénide est retenu sur la base de données cliniques et histologiques compatibles, associées à un contexte d’exposition à l’iode. L’élévation du taux sérique et/ou urinaire de l’iode est un argument en faveur du diagnostic. Une dysthyroïdie par surcharge iodée doit être recherchée. Le traitement n’est pas codifié. Dans les formes mineures, l’arrêt de l’agent causal peut être suffisant, avec un risque de récidive en cas de réexposition. Dans les formes végétantes, une courte corticothérapie générale est généralement nécessaire.

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Vol 42 - N° S1

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