Érythème réticulé télangiectasique associé au défibrillateur cardiaque implantable - 11/06/21
Résumé |
Introduction |
Les télangiectasies sont des dilatations des vaisseaux dermiques superficiels. Elles peuvent être congénitales ou acquises, isolées ou associées à une maladie sous-jacente. Nous rapportons un cas d’érythème réticulé télangiectasique (ERT) survenant suite à une implantation d’un défibrillateur cardiaque automatique.
Observation |
Il s’agit d’un patient âgé de 39 ans qui consultait pour l’apparition de vaisseaux fins au niveau de la région thoracique gauche depuis un mois. Il ne rapportait ni toux, ni dyspnée. Dans ces antécédents, on notait la présence d’un syndrome de Brugada type I, diagnostiqué il y a 4 ans suite à des syncopes, nécessitant d’implantation sous cutanée d’un défibrillateur automatique (DA) monochambre. L’examen physique objectivait de multiples télangiectasies fines, sans relief, organisées en réseau au niveau de la région prépectorale gauche, surmontant le DA et s’étendant vers le sternum, la région thoracique controlatérale et l’abdomen. La dermoscopie révélait des télangiectasies en chevelu capillaire, d’aspect rose bleutée, réticulées, entourées parfois par un halo blanchâtre, même au niveau de la cicatrice et d’autres zones non atteintes à l’oeil nu. La radiographie de thorax était normale avec un DA en place. De même, les échographies cardiaque et abdominale ne montraient pas d’anomalies. Devant les éléments de l’anamnèse et l’examen clinique, le diagnostic d’ERT associé au DA implantable a été retenu. Le patient a été rassuré en lui expliquant la bénignité de cette pathologie. Aucun traitement n’a été proposé.
Discussion |
L’érythème réticulé télangiectasique est une complication cutanée rare, initialement identifiée par Gensch et Schmitt en 1981, associée à la pose de défibrillateurs ou cardiostimulateurs implantables. Cliniquement, il peut s’agir d’un érythème, de télangiectasies ou d’un érythème télangiectasique qui apparaissent des semaines, des mois et même des années après l’intervention. Le délai dans notre cas était de 4 ans. Les lésions commencent habituellement dans le pourtour du DA, sans signes fonctionnels associés, puis s’étendent secondairement d’une façon centripète vers la cicatrice. Une irradiation aussi étendue que chez notre patient n’a pas été rapportée auparavant. Le diagnostic est basé sur l’histoire et l’examen physique. Les examens complémentaires peuvent être réalisés dans le but d’éliminer les diagnostics différentiels (essentiellement une dermite de contact). L’examen anatomopathologique, lorsqu’une biopsie est réalisée, met en évidence des vaisseaux télangiectasiques associés à un infiltrat lymphohistiocytaire d’intensité variable péri-vasculaire du derme superficiel. La pathogénie évoquée initialement était la chaleur et/ou les courants électriques ou magnétiques générés par les stimulateurs et défibrillateurs cardiaques. Cependant, des entités similaires ont été décrites, récemment, après la pose de pompe à morphine, de prothèses orthopédiques, de stimulateurs de moelle épinière et même suite à un fils de suture non résorbable oublié dans le site opératoire. L’explication serait plutôt des modifications locales de la microcirculation dues à l’obstruction mécanique du flux sanguin causées par le corps étranger ou liées aux particularités anatomiques du site d’implantation. La régression des lésions après l’ablation du matériel, dans certains cas, plaident en faveur de cette hypothèse. L’érythème réticulé télangiectasique est asymptomatique. L’évolution est bénigne sans séquelles. Le retrait de l’appareil est ainsi non nécessaire. En cas de gêne esthétique, un traitement par sclérothérapie ou laser peut être proposé.
Conclusion |
La connaissance de cette entité bénigne par les cliniciens et chirurgiens thoraciques est recommandée afin de prévenir une intervention inutile sur l’appareil implanté.
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Vol 42 - N° S1
P. A204-A205 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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