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Cartographie de l’expression des interférons dans le Lupus Systémique : l’interféron gamma a un rôle prépondérant dans l’atteinte articulaire - 11/06/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.03.223 
C. Mellot 1, , A. Mathian 1, K. Dorgham 2, R. Lhote 1, S. Mouries-Martin 3, H. Devilliers 3, F. Cohen Aubart 1, J. Haroche 1, M. Hie 1, M. Pineton De Chambrun 1, M. Pha 1, D.L.T.H. Boutin 1, F. Rozenberg 4, G. Gorochov 2, Z. Amoura 1
1 Service de médecine interne 2, institut e3m, centre d’immunologie et des maladies infectieuses, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Groupement Hospitalier Pitié-Salpêtrière, Inserm UMRS, Paris 
2 U1135, centre d’immunologie et des maladies infectieuses (cimi-paris), Inserm, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Groupement Hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris 
3 Service de médecine interne et maladies systémiques (médecine interne 2), Centre Hospitalier Universitaire de Dijon, Hôpital François-Mitterrand, Dijon 
4 Service de virologie, Sorbonne Paris Cité, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Hôpital Cochin, Paris 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’implication de l’IFN-alpha (IFNα) dans le lupus systémique (LS) est bien démontrée. Celles de l’IFN-béta (IFNβ), -gamma (IFNγ) et -lambda (λ) restent à caractériser. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’expression de ces différents IFNs dans le LS en utilisant une technique ultrasensible de dosage.

Patients et méthodes

Les sérums de 408 patients atteints d’un LS et de 104 donneurs sains appariés par le sexe et l’âge, ont été analysés pour le dosage des IFNα, β, γ et λ2 par la technologie ultrasensible Simoa (Single-molecule array). Les données cliniques, les mesures des anticorps anti-ADN double brin (ADNdb) par test de Farr, la recherche des anticorps anti-antigènes nucléaires solubles et l’analyse de la fraction C3 du complément ont été recueillies de manière prospective. Un LS actif était défini par la présence d’un signe clinique d’activité du LS.

Résultats

136 malades lupiques avaient un LS actif au moment du dosage des IFNs sériques. Les concentrations en IFNα, β et γ étaient significativement plus élevées chez les patients actifs (concentrations médianes en pg/mL [25e–75e percentile] respectivement à 0,94pg/mL [0,07–3], 0 [0-0] et 1,1 [0,5–3,5]) que chez les donneurs sains (respectivement 0,0028pg/mL [0–0,013], p<10-4 ; 0 [0-0], p<10-4 et 0,49 [0,3–1,0], p<0,01). Les concentrations d’IFNλ2 étaient similaires entre donneurs sains et LS, même en cas de LS actif. Les taux d’IFNα, β et γ étaient corrélés entre eux : α et β (p<0,0001 ; r=0,32), α et γ (p<0,0001 ; r=0,41) et β et γ (p=0,0003 ; r=0,18) et avec le score d’activité SELENA-SLEDAI [IFNα (p<0,0001 ; r=0,55), IFNβ (p<0,0001 ;=0,23) et IFNγ (p<0,0001 ;=0,27)]. En analyse multivariée par régression logistique, les augmentations des IFNα et β étaient associées à l’atteinte cutanéo-muqueuse (OR [95 %CI]=6,6 [2–22], p=0,002 et OR [95 %CI]=5,7 [2–16], p=0,001, respectivement) alors que l’augmentation de l’IFNγ était associée à l’atteinte articulaire (OR [95 %CI]=2,4 [1–5,6], p=0,04). La présence d’Ac anti-RNP était indépendamment associée à l’augmentation de l’IFNα (OR [95 %CI]=4,7 [2,2–10], p<10-4) et γ (OR [95 %CI]=5,0 [2,5–11], p<10-4). La présence d’Ac anti-ADN db était indépendamment associée à l’augmentation de l’IFNα (OR [95 %CI]=1,8 [1–3], p=0,03) et pas à celle de l’IFNγ. Les malades cliniquement actifs et n’ayant pas d’augmentation de l’IFNα sérique n’avaient, pour la plupart, aucun autre IFN élevé, et présentaient majoritairement des atteintes articulaires isolées. Une classification ascendante hiérarchique a permis de séparer la population totale en 3 groupes. Les malades du groupe 1 (n=299 patients) avaient des taux sériques d’IFNα, β et γ peu élevés. Dans ce groupe, le lupus était inactif pour 84 % des malades et le SELENA-SLEDAI moyen était à 1,7±2,6. En comparaison aux autres malades, les malades du groupe 1 étaient plus âgés (âge moyen 41,9±12,9 ans), avaient une durée d’évolution de la maladie plus longue (moyenne 12,0±9,6 ans) et recevaient moins d’immunosuppresseurs et de corticoïdes. Seulement 13 % de ces patients avaient un anticorps anti-RNP. A l’opposé, les malades du groupe 3 (n=35) avaient des taux sériques d’IFNα, β et γ très élevés. Dans ce groupe, tous les malades avaient un LS actifs et le SELENA-SLEDAI moyen était à 17±8,2 avec en moyenne 4,9±1,7 organes atteints. Ils avaient dans 86 % des cas des signes généraux (fièvre et/ou anorexie ou amaigrissement). Les malades du groupe 3 étaient plus jeunes (âge moyen 30,5±10,5) et avaient une durée de la maladie plus courte (en moyenne 6,7±7,6 ans). Le groupe 2 (n=74) avait des caractéristiques intermédiaires. Dans ce groupe, le lupus était actif chez 58 % des malades avec en moyenne 1,2±1,4 organes atteints. 84 % des malades avaient l’anticorps anti-RNP. Le groupe 2 était celui qui comportait le plus de malades traités par corticoïdes et immunosuppresseurs.

Conclusion

Les IFNα, β et γ étaient tous augmentés dans le sérum des patients lupiques actifs. L’IFNα semble jouer le rôle principal, le mieux corrélé à l’activité globale de la maladie. L’atteinte cutanéomuqueuse était statistiquement associée à l’augmentation des IFNα et β et l’atteinte articulaire à celle de l’IFNγ. L’IFNλ2 sérique n’était pas augmenté dans le LS. Ces nouvelles données permettront de mieux cibler les traitements anti-IFN dans le LS.

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Vol 42 - N° S1

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