Infections bactériennes chez les patients infectés par le VIH : Profil de résistance aux antibiotiques et évolution au cours du temps - 11/06/21
Résumé |
Introduction |
Depuis l’avènement des multithérapies antirétrovirales, les infections bactériennes non classant SIDA représentent une part croissante de la morbi-mortalité chez les patients infectés par VIH dans les pays industrialisés et leur incidence reste nettement plus élevée que dans la population générale. Néanmoins, il existe peu de données dans la littérature sur ces infections notamment quant à leur documentation bactériologique et leur profil de résistance aux antibiotiques.
L’objectif de ce travail était de décrire la documentation microbiologique et les profils de résistance aux antibiotiques des infections bactériennes sévères survenant entre le 01/01/2000 et le 31/12/2017, chez les patients vivant avec le VIH (PVVIH), suivis dans la cohorte Aquitaine ANRS CO3.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective monocentrique des PVVIH inclus dans la Cohorte Aquitaine ANRS CO3, ayant présenté entre le 01/01/2000 et le 31/12/2017 une infection bactérienne à pyogènes sévère (hospitalisation supérieure ou égale à 48h), avec une documentation bactériologique de l’épisode infectieux. Les principales caractéristiques des patients, le type d’infection, la documentation bactériologique, le profil de résistance aux antibiotiques (ATB) et leur évolution au cours de temps ont été rapportés.
Résultats |
Nous avons inclus 459 patients, ayant présenté 847 infections bactériennes sévères. L’âge médian était de 47 ans avec 73 % d’hommes et 53 % d’infections VIH stade C. Sur le période 2014-2017, 87 % avait une charge virale VIH indétectable et le taux médian de CD4 étaient de 485/mm3. Parmi les 874 infections, 269 (soit 32 %) étaient des pneumopathies, 240 (soit 28,3 %) des infections urinaires et 280 (soit 33 %) des bactériémies. Les principales bactéries identifiées étaient des entérobactéries (n=394 soit 38,3 %), des Staphylococcus aureus (SAUR, n=153 soit 14,9 %), des bacilles gram négatifs non fermentaires (BGNNF, n=139 soit 13,6 %) et des Streptococcus pneumoniae (SPNE, n=82 soit 8 %). La prévalence d’infections documentées à SPNE a très nettement diminué au cours du temps, passant de 15,2 % en 2000-2004 à 3,4 % en 2014-2017. Concernant les profils de résistance aux ATB :
– La résistance du SAUR à la méticilline et aux fluroquinolones (FQ) a nettement diminué entre les périodes 2000-2004 et 2014-2017, passant de 27 % à 13,5 % pour la meticilline et de 19 % à 11 % pour les FQ ;
– La résistance du SPNE à l’Amoxicilline a diminué entre la période 2000-2004 (34 %) et la période 2009-2013 (11 %), avec de nouveau une augmentation sur la dernière période (22 %) sous réserve d’un faible échantillon (9 patients) ;
– La résistance de l’Escherichia coli a nettement augmenté pour les pénicillines entre 2000-2004 (18 % de résistance à l’Amoxicilline/Acide clavulanique) et 2005-2008 (43 %) avant de se stabiliser (40 % en 2014-2017). La résistance aux céphalosporines de 3e génération a augmenté progressivement entre 2000-2004 (0 %) et 2014-2017 (12 %). La résistance aux FQ est passée de 4 % en 2000-2004 à 24 % en 2005-2008, avec une diminution depuis (16 % en 2014-2017). Enfin, on observe une augmentation progressive du pourcentage d’entérobactéries BLSE (de 4 % en 2000-2004 à 14 % en 2014-2017).
Le profil de résistance des bactéries aux ATB chez les PVVIH sur la dernière période était globalement similaire à celui de la population générale hospitalisée pour une infection bactérienne au CHU de Bordeaux. Le profil de résistance du SPNE était globalement comparable à celui rapporté par le centre national de référence en dehors de la dernière période sous réserve d’un faible nombre de patients.
Conclusion |
La résistance aux ATB des Staphylococcus aureus et des pneumocoques a diminué au cours du temps. La résistance des entérobactéries aux ATB semble par contre se majorer au cours du temps. Le pourcentage de résistance actuelle chez les PVVIH semble similaire à celle de la population générale. Ces données permettent d’appliquer à la population des PVVIH les recommandations de la population générale concernant le bon usage des antibiotiques.
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Vol 42 - N° S1
P. A34 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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