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COVID-19 critique et anticorps anti-Interféron : série de 11 cas - 11/06/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.03.232 
L. Gilardin 1, , H. Nielly 2, M. Roumier 3, C. Chauvin 4, P. Bastard 5, A. Bousquet 6, M. Vasse 7, C. Roth 4, A. Sakuntabhai 4, J. Bayry 8, A. Bourgarit 9, C. Dubost 10, Y. Tandjaoui-Lambiotte 11
1 Médecine interne, Hôpital Jean-Verdier AP-HP, Bondy 
2 Médecine interne, Hôpital d’Instruction des Armées Bégin, Saint-Mandé 
3 Médecine interne, Hôpital Foch, Suresnes 
4 Unité de génétique fonctionnelle des maladies infectieuses, Institut Pasteur, Paris 
5 Laboratory of human genetics of infectious diseases, inserm u1163, Institut Imagine, Hôpital Necker APHP, Paris 
6 Biologie médicale, Hôpital d’Instruction des Armées Bégin, Saint-Mandé 
7 Laboratoire de biologie médicale, Hôpital Foch, Suresnes 
8 Equipe immunopathologie et immunointervention thérapeutique inserm u1138, Centre de Recherche des Cordeliers, Paris 
9 Médecine interne, Hôpital Jean Verdier, Bondy 
10 Réanimation, Hôpital d’Instruction des Armées Bégin, Saint-Mandé 
11 Réanimation, Hôpital Avicenne AP-HP, Bobigny 

Auteur correspondant.

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Résumé

Introduction

La survenue de formes sévères ou critiques de COVID-19, avec nécessité d’une hospitalisation en réanimation, est associée à la présence d’anticorps anti-Interféron de classe I dans environ 10 % des cas [1]. Ces anticorps identifiés dans le contexte de la COVID-19 bloquent les molécules d’interféron (IFN) et expliqueraient chez ces patients, la survenue d’une atteinte grave de COVID-19, avec une absence d’élimination précoce du virus SARS-CoV-2. Ainsi, il s’agirait d’une forme de déficit immunitaire, acquis, dirigé contre le virus SARS-CoV-2 mais aussi potentiellement contre d’autres virus. Les caractéristiques cliniques, biologiques et morphologiques des patients présentant ces anticorps n’ont pas été décrites précisément, l’évolution des patients n’est pas connue.

Patients et méthodes

Une recherche d’anticorps anti-Interféron a été réalisée chez des patients ayant été pris en charge en réanimation à l’hôpital Bégin, à l’hôpital Avicenne et à l’hôpital Foch pour une COVID-19. La présence d’anticorps anti-IFNalpha2 et anti-IFNomega étaient recherchée par test ELISA puis confirmée par un test fonctionnel d’inhibition de la phosphorylation de STAT1. Les caractéristiques cliniques des patients ont été relevées à partir des dossiers médicaux. Un suivi médical a été organisé afin de suivre leur évolution sur le plan clinique, biologique et morphologique.

Résultats

Onze patients ont été identifiés. Il s’agissait de 11 hommes. L’âge médian au diagnostic était de 60 ans (min 36 - max 80). Parmi les autres facteurs de risques de COVID-19 grave classiquement identifiés, on retrouvait chez eux, du diabète pour 1 patient, de l’hypertension artérielle pour 6 patients et de l’obésité (IMC>30kg/m2) pour 5 patients. L’IMC médian était de 29,8kg/m2 (min 24 - max 32,8). Il n’était pas noté d’antécédent remarquable, notamment pas d’argument pour un déficit immunitaire, pas d’endocrinopathie auto-immune. On retrouvait 1 BPCO, 2 asthmes, 1 coronaropathie et 1 valve aortique mécanique. Au diagnostic de COVID-19, les signes cliniques initiaux habituels de l’infection étaient retrouvés : asthénie (n=11), fièvre (n=10), toux (n=5). Deux patients présentaient des diarrhées et 2 de l’insuffisance rénale aiguë, modérée. Chez 2 patients, on notait une embolie pulmonaire sur le scanner initial. L’évolution était marquée par une aggravation justifiant une admission en réanimation après une médiane de 7jours (min 3 - max 12), pour une forme sévère chez 2 patients avec au maximum une oxygénothérapie au masque à haute concentration jusqu’à 15L/min pour 1 patient et 4L/min pour 1 autre. Une forme critique survenait chez 9 patients, avec recours à une intubation oro-trachéale pour ventilation mécanique pour 7 cas, une oxygénothérapie nasale à haut débit (OPTIFLOW) était suffisante dans 2 cas. Des pneumopathies bactériennes documentées nécessitaient une antibiothérapie spécifique dans 6 cas. Dans 10 cas, des traitements à visée spécifique du COVID-19 étaient entrepris : corticothérapie (n=4), hydroxychloroquine (n=4), lopinavir/ritonavir (n=3) et tocilizumab (n=2). En raison du développement d’un SDRA sévère, des séances d’optimisation de l’oxygénothérapie par décubitus ventral étaient entreprises chez 5 patients, avec nécessité d’un recours à une ECMO véno-veineuse pour le jeune patient de 36 ans. Afin d’éliminer les Ac antiIFN, ce dernier a également bénéficié avec succès de 3 séances d’échanges plasmatiques. Au total, 9 patients ont survécu, la durée médiane d’hospitalisaiton en réanimation était de 16jours (min 2 - max 31). Les 2 décès sont intervenus après limitation thérapeutique pour SDRA réfractaire. Avec un suivi médian de 4,2 mois (min 1 - max 11,2), on note une bonne évolution chez l’ensemble des patients survivants, aucune réinfection n’a été observée et une régression quasi complète des lésions pulmonaires scanographiques (n=4/5) était retrouvée à 3 mois. Lors du dernier bilan réalisé, il n’était pas constaté d’anomalie de la NFS (n=7/8), ni syndrome inflammatoire (n=6/7) et le taux d’immunoglobulines était normal (4/4).

Conclusion

Cette série de cas donne une première description des patients ayant présenté une forme critique de COVID-19 avec Ac anti-IFN de classe I. En dehors de la faible prévalence de comorbidités, il ne semble pas y avoir de phénotype clinique particulier chez cette population en dehors de la prédominance masculine.

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Vol 42 - N° S1

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