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Facteurs pronostiques des myocardites induites par les inhibiteurs du checkpoint immunologique - 11/06/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.03.243 
C. Coustal 1, , X. Quantin 2, C. Lesage 3, J.M. Michot 4, A. Laparra 5, S. Ederhy 6, E. Assenat 7, M. Faure 8, N. Issa 9, O. Lambotte 5, M. Puyade 10, O. Dereure 11, P. Rullier 12, I. Serre 13, K. Klouche 14, H. Vernhet 15, J.L. Faillie 16, F. Roubille 17, P. Guilpain 18, A. Maria 19
1 Service de médecine interne et maladies multiorganiques de l’adulte, hôpital saint-eloi, CHRU de Montpellier, Université de Montpellier, Montpellier 
2 Département d’oncologie médicale, ICM Cancer Institute of Montpellier, Montpellier 
3 Département de dermatologie, Hôpital Gui de Chauliac, Montpellier 
4 Médecine interne, CHU de Bicêtre, Le Kremlin-Bicètre 
5 Service de médecine interne, 78, rue du Général Leclerc, Le Kremlin-Bicètre 
6 Cardiologie, Hôpital Saint-Antoine, Paris 
7 Service d’oncologie médicale, CHU Montpellier St Eloi, Montpellier 
8 Cardiologie, CHU PELLEGRIN Bordeaux, Bordeaux 
9 Réanimation, Hôpital Saint-André, Bordeaux 
10 Service d’oncologie hématologique, CHU de Poitiers, Poitiers 
11 Dermatologie, C.H.U de Montpellier, Montpellier 
12 Département de médecine interne, vasculaire et addictologie, Hôpital Saint Eloi, Montpellier 
13 Anatomopathologie, CHU Montpellier St Eloi, Montpellier 
14 Département de réanimation médicale, CHU de Montpellier, Montpellier 
15 Radiologie, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier 
16 Département de pharmacologie médicale et toxicologie, centre régional de pharmacovigilance, CHU de Montpellier, univ Montpellier, Montpellier 
17 Département de cardiologie, Hôpital Arnaud de Villeneuve, Montpellier 
18 Service de médecine interne a, maladies multiorganiques, hôpital saint-eloi, 34295 Montpellier 
19 Médecine Interne et Maladies Multiorganiques, CHRU de Montpellier, Université de Montpellier, 34295 Montpellier 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le traitement du cancer a été profondément modifié ces dernières années avec l’introduction des inhibiteurs du checkpoint immunologiques (ICI). Le pronostic de certains cancers, tels le mélanome ou le cancer pulmonaire non à petites cellules s’en est trouvé largement amélioré [1, 2]. Ces traitements sont cependant à l’origine d’effets secondaires appelés effets indésirables liés à l’immunothérapie (EILI), dont les atteintes les plus fréquentes (digestives, cutanées, endocriniennes) sont maintenant bien décrites, et relativement simples à diagnostiquer et traiter [3]. A contrario, certaines atteintes plus rares comme la myocardite sont peu décrites, alors que le taux de mortalité est élevé (jusqu’à 40 %) et de prise en charge plus délicate.

Patients et méthodes

Nous avons conduit une étude transversale rétrospective multicentrique sur une période allant de juillet 2019 à novembre 2020. Les critères d’inclusion étaient : traitement par un inhibiteur du checkpoint immunologique, survenue d’une suspicion de myocardite en s’appuyant sur les critères de la société européenne de cardiologie, données de suivi disponibles pour chaque patient. Les myocardites étaient classées en possible/probable/définies selon des critères internationaux, la sévérité a été cotée en utilisant la classification CTCAE v5.0.

Résultats

Vingt-neuf patients ont été inclus, de 6 centres différents, avec un âge médian de 69 (32-83) ans. Les cancers traités étaient majoritairement pulmonaires (10 patients), des mélanomes (8 patients), ou urothéliaux (4 patients). La myocardite survenait dans un délai médian de 39 (2-181) jours, principalement avec des anti-PD1 (16 patients, 55 %). La plupart des patients (83 %) étaient symptomatiques, la dyspnée étant le symptôme le plus fréquent (17 patients, 59 %). Tous avaient une troponine HS élevée, avec une médiane de 5,35 fois la normale supérieure, l’ECG montrait des anomalies chez 19 patients (68 %), alors que l’ETT était disponible chez 27 patients et montrait une FEVG altérée chez 10 d’entre eux (37 %). Une IRM cardiaque a été réalisée chez 24 patients, montrant une prise de contraste tardive chez 9 d’entre eux (37 %). Quatorze patients (48 %) ont subi une coronarographie, et 6 ont bénéficié d’une biopsie endomyocardique. Ces dernières montraient chez 5 patients une infiltration lymphocytaire, majoritairement CD8+. Parmi les toxicités associées, la myosite était la plus fréquente (13 patients, 45 %), suivie du syndrome sec (11 patients, 38 %). Les patients les plus sévères (CTCAE grade 4 et 5, n=11) avaient un taux plus important de maladies auto-immunes systémiques préexistantes (5 patients contre 1, p=0,018), une fréquence cardiaque plus élevée à l’admission (113 contre 79,5, p=0,001), une troponinémie d’entrée plus élevée (42 fois la norme supérieure contre 3,55, p=0,001), et présentaient plus souvent des anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine (5 contre 0, p=0,001). L’analyse en courbe ROC nous a permis de sélectionner une valeur seuil de troponinémie à 4,89 fois la norme supérieur (sensibilité=90,9 %, spécificité 66,7 %) pour prédire l’évolution vers une forme grave. Concernant le traitement, la plupart des patients (28) ont reçu des corticoïdes, le plus souvent après des bolus initiaux (19 patients, 68 %). Les autres modalités de traitement concernaient les plasmaphérèses (10 patients), les immunoglobulines polyvalentes (8 patients), et d’autres immunosuppresseurs (5 patients). 7 patients (24 %) sont morts lors de la prise en charge initiale. Nous disposions d’une évaluation de la réponse carcinologique chez 21 patients, dont seulement 1 présentait une progression de la maladie. Au cours du suivi (d’une médiane de 4 mois), 7 patients supplémentaires sont décédés. 6 patients ont reçu à nouveau un traitement par ICI, seulement 1 ayant présenté une rechute de myocardite.

Conclusion

Certains facteurs de mauvais pronostic ont été mis en évidence, comme un taux élevé de troponine à l’admission, ce qui pourrait aider à la décision thérapeutique. La mortalité est moindre dans notre série, possiblement par le dépistage de formes subintrantes en dosant la troponine de façon systématique. Cependant, la contre-indication définitive de l’immunothérapie sera peut être à rediscuter selon la balance bénéfice/risque.

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Vol 42 - N° S1

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  • Lymphohistiocytose hémophagocytaire associée aux inhibiteurs du point de contrôle immunologique : étude de pharmacovigilance
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