S'abonner

Intérêt de la pratique régulière du Qi Gong pour les patients atteints de lupus érythémateux systémique - 11/06/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.03.307 
K.H. Ly 1, , S. Dumonteil 2, H. Bezanahary 3, G. Gondran 1, E. Liozon 4, S. Palat 5, C. Serraf 1, A.L. Fauchais 1
1 Médecine interne, CHU Limoges, Limoges 
2 Médecine interne a, C.H.U de Limoges, Limoges 
3 Médecine interne A et polyclinique médicale, CHU Limoges, Limoges 
4 Médecine interne, CHU limoges, 2, avenue Martin Luther King, Limoges 
5 Médecine interne a, CHU Limoges, Limoges 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le Lupus Erythémateux Systémique (LES) est une maladie auto-immune évoluant par poussées. Le stress peut être un facteur déclenchant de ces poussées. Le lien entre le stress, l’activité de la maladie et la qualité de vie de ces patients a déja été rapporté [1]. Le Qi Gong est une gymnastique traditionnelle chinoise qui repose sur la circulation de l’énergie du corps par des mouvements de relaxation, de posture et de respiration. La pratique de cette discipline peut diminuer l’asthénie et améliorer le sommeil. L’effet bénéfique de cette pratique a déjà été étudié dans le cancer, le diabète, l’hypertension artérielle et la fibromyalgie [3, 2]. Aucune donnée n’existe concernant l’intérêt de la pratique du Qi-Gong dans le lupus systémique.

Patients et méthodes

Nous avons réalisé une étude pilote, prospective, expérimentale, non randomisée et monocentrique entre octobre 2017 et mars 2018, pour savoir si la pratique régulière du Qi Gong pourrait permettre d’améliorer la qualité de vie des patients atteints de LES. Les patients répondaient tous aux critères de l’ARA et/ou SLICC du LES. Ils ont bénéficié de deux cours collectifs de 60 mn par semaine pendant trois mois puis d’un cours collectif de 90 mn par semaine pendant trois mois de plus. Les patients ont été vus en consultation à l’inclusion, puis à 2, 4, 6, 9 et 12 mois. Différents scores d’évaluation et prélèvements sanguins étaient prévus à certaines de ces visites. L’objectif principal était d’évaluer la différence des scores physiques PCS de qualité de vie SF-36 des patients lupiques entre l’inclusion et après une pratique du Qi-Gong de 6 mois. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer :

– la différence des scores physiques PCS et des scores mentaux MCS de qualité de vie SF-36 entre l’inclusion et après 2, 4, 9 et 12 mois ;

– la différence des scores de qualité de vie spécifique Lupus QoL entre l’inclusion et après 6 mois ;

– la différence de l’activité du LES via le SLEDAI entre l’inclusion et après 2, 4, 6, 9 et 12 mois ;

– la différence des scores de la douleur (EVA), de la détresse psychologique (MADRS), de la fatigue (FSS), du sommeil (PSQI) et de la sexualité (FSFI) entre l’inclusion et après 2, 4 et 6 mois ;

– la différence de dose d’immunosuppresseurs entre l’inclusion et après 6 mois.

Résultats

Nous avons étudié 33 patients (30 femmes) d’âge moyen de 45±13 ans. La durée de la maladie était en moyenne de 13±9 ans. Dans leur histoire, l’atteinte cutanéo-articulaire était survenue dans respectivement 88 et 91 % des cas et l’atteinte rénale dans 30 % des cas. Sept patients (21 %) avaient un SAPL associé. Au 6e mois (M6), l’atteinte cutanée n’était plus active chez les trois patients qui en présentaient initialement et l’atteinte articulaire restait active que chez deux des 7 patients qui en présentaient une à l’inclusion. Biologiquement, il n’y avait pas de différence significative entre l’inclusion et le 6e mois concernant le taux de créatinine, d’ADN-natif, de la fraction C3 et C4 du complément. La protéinurie avait tendance à diminuer (300±900 contre 200±600mg/g de créatinine, p=0,053) et le CH50 était significativement moins bas à M6 (548,8±130,5 contre 618±134 UI/L, p=0,0012). Concernant les scores de qualités de vie, on notait une amélioration significative entre l’inclusion et M6 du score mental du SF-36 (42,1±10,2 contre 49,1±10,5, p=0,0022), de l’EVA (2,3±2,4 contre 1,4±1,9, p=0,0335), du FSS (36,9±15,8 contre 29,4±14,7, p=0,0081) et du PSQI (7,3±4,5 contre 6,0±4,0 p=0,0167). Le lupus Qol était significativement amélioré à M6 dans les domaines de la santé physique (78,9±17,4 contre 86,2±14,3, p=0,0186), de la douleur (74,7±22,6 contre 86,4±15,9, p=0,0141) et du sentiment d’être un fardeau pour les autres (76,1±23,2 contre 83±20,7, p=0,0494). On notait une perte significative du bénéfice du Qi Gong pour l’EVA (p=0,378) et le FSS (p=0,615) dès M9, trois mois après l’arrêt de l’intervention et pour le PSQI (p=0,530) à M12. En revanche le score mental du SF-36 restait significativement amélioré à M9 (p=0,0003) et à M12 (p=0,005).

Conclusion

Au cours du LES, un état de stress mineur ou majeur peut entraîner des douleurs résiduelles, une asthénie ou un état dépressif persistant et ce, malgré un contrôle pharmacologique de la maladie basée sur des critères cliniques et paracliniques objectifs. Les résultats de ce travail suggèrent qu’une intervention non pharmacologique, ici le Qi gong, pourrait permettre une amélioration de la qualité de vie de ces patients. Cependant, ces résultats sont à modérer du fait du caractère monocentrique, du faible échantillon de l’étude et de la courte durée de la pratique. Seule une étude multicentrique nationale pourra fournir des réponses plus précises sur l’intérêt de ce type d’intervention dans cette pathologie.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2021  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 42 - N° S1

P. A85-A86 - juin 2021 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Analyse en clusters non supervisée des données en vie réelle d’une communauté en ligne de patients lupiques pour identifier des profils concernant leurs préférences thérapeutiques
  • D. Testa, N. Jourde-Chiche, J. Mancini, P. Varriale, V. Morisseau, L. Radoszycki, L. Chiche
| Article suivant Article suivant
  • Lupus induit par les inhibiteurs de checkpoint immunitaire : expérience d’un centre Melbase et étude de la base nationale de pharmacovigilance
  • E. Charvet, C. Cassius, P. Eftekhari, M. Jachiet, M. Baudet, B. Hervier, F. Rouby, M. Bagot, J.D. Bouaziz, B. Baroudjian, C. Lebbe, P. Tetu, E. Zuelgaray

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.