Lupus du sujet âgé à début trompeur - 11/06/21
Résumé |
Introduction |
Le lupus érythémateux systémique (LES) atteint typiquement la femme jeune en période de procréation. L’atteinte du sujet âgé, rapportée pour la première fois en 1964, représente moins de 20 % des cas. Nous décrivons une nouvelle observation.
Observation |
Il s’agit d’une patiente de 75 ans qui a consulté pour des céphalées continues en casque depuis 2jours et une polyarthralgie inflammatoire des grosses et des petites articulations bilatérale et symétrique évoluant dans un contexte d’altération de l’état général depuis 1 mois. La biologie a montré un syndrome inflammatoire avec VS à 115mm/h, CRP à 20, une anémie normochrome normocytaire à 9,1g/dl et une lymphopénie à 900/mm3. La radiothorax et l’échographie transthoracique étaient sans anomalie. Par ailleurs l’examen ophtalmologique n’a pas révélé d’anomalies en dehors d’une acuité visuelle à 9/10 des deux cotés. L’échodoppler ainsi que la biopsie des artères temporales étaient sans anomalies. Le diagnostic d’artérite giganto-cellulaire (AGC) a été initialement retenu devant l’âge supérieur à 50 ans, les céphalées récentes et la VS supérieur à 50mm/h. La patiente a été traitée par 0,7mg/kg/j d’équivalent prednisone, traitement adjuvant et un antiagrégant plaquettaire. L’évolution a été marquée par la disparition des céphalées et des arthralgies au bout de 72h et la négativation de la CRP. Cependant le bilan immunologique a montré la présence des Anticorps antinucléaire à un taux supérieur à 1/1600, des anti- DNA à 645UI/ml, des anti-nucléosome ainsi que les anti-SSA. Le diagnostic d’AGC a été alors récusé et un LES du sujet âgé a été retenu (2 critères cliniques et 2 immunologiques selon la classification SLICC 2012). Une imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale était prévue mais refusée par la patiente. La recherche de protéinuries de 24h était négative. La patiente a été avisée du redressement du diagnostic et elle a bénéficié d’une éducation thérapeutique avec introduction de l’hydroxychloroquine.
Discussion |
Face à un tableau clinique associant des céphalées récentes et des arthralgies inflammatoires en présence d’un syndrome inflammatoire biologique, il est légitime de ne pas évoquer le diagnostic de LES en priorité. En effet, d’autres pathologies sont le plus souvent en cause à cet âge et ne doivent pas être méconnues. C’est en confrontant les données cliniques, biologiques et immunologiques que le diagnostic peut être redressé. Toutefois, l’interprétation du bilan immunologique doit être prudente à cet âge étant la fréquence de la positivité de certain autoanticorps et en particulier les antinucléaires. En comparaison avec le sujet jeune, le LES du sujet âgé, se distingue dans la littérature, par la disparition de la prédominance féminine, la fréquence des formes iatrogènes liées à la polymédication, des formes cliniques moins graves dominés par les signes généraux et la polyarthralgie inflammatoire et la fréquence des retards diagnostiques, tel que dans notre observation. Les critères diagnostiques et le traitement sont les mêmes que chez les sujets jeunes. Cependant, l’utilisation des corticoïdes en pratique est particulièrement difficile chez le sujet âgé compte tenu de la fragilité du terrain associant souvent cormorbidité, des facteurs de risque cardiovasculaire et l’immunodépression qui peuvent s’aggraver d’avantage. De même, les immunosuppresseurs sont moins facilement utilisés.
Conclusion |
Il est important de reconnaître le LES à présentation tardive pour éviter les retards diagnostiques pouvant être préjudiciables pour les patients.
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Vol 42 - N° S1
P. A96 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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