Le lithium est un traitement indispensable dans l’arsenal thérapeutique des psychiatres pour la prise en charge des troubles bipolaires. Cependant, il présente des effets indésirables parfois sévères en cas d’intoxication volontaire aiguë ou de surdosage chronique. L’objectif de l’étude est de décrire cette population en réanimation et d’évaluer la prise en charge de ces patients, notamment par épuration extra-rénale.

Durant la période de 2012–2020 sont inclus de façon rétrospective, monocentrique les patients admis dans le service de réanimation médicale du CHU pour une intoxication aiguë ou un surdosage en lithium avec une lithémie>2mmol/L. Le recueil de données est réalisé grâce aux dossiers médicaux informatisés. Deux principaux groupes de patients sont comparés : ceux traités jusqu’en 2017 n=33 et ceux après 2017 (n=34).

Les analyses statistiques sont réalisées grâce au logiciel Prism avec comparaison des différents groupes en réalisant des test de Fischer et de Welch. Le seuil de significativité a été fixé pour une valeur p<0,05.

Les deux groupes sont comparables à leur entrée. Les patients du groupe post-2017 présentent moins d’atteintes sévères durant leur hospitalisation : atteinte neurologique ou cardiaque (11 soit 32 % en post-2017 vs 21 soit 61 % en pré-2017 ; p<0,05) tout en ayant bénéficié plus fréquemment d’un traitement par épuration extra-rénale avec une différence significative (25 soit 74 % post-2017 vs 13 soit 39 % en pré-2017 ; p<0,0005). L’hypophosphatémie était lié de façon indépendante à la gravité des patients mais pas l’insuffisance rénale aiguë. La mortalité est nulle pour les deux groupes.

La mortalité de notre cohorte est inférieure à celle des deux autres principales cohortes dans la littérature avec une utilisation plus fréquente de l’épuration extra-rénale. La prise en charge des intoxications/surdosages au lithium par épuration extra-rénale précoce semble diminuer l’apparition d’atteintes sévères. Ce résultat nécessite une confirmation par une étude prospective randomisée.