La dengue est une arbovirose potentiellement fatale transmise par le moustique Aedes. La zone d’endémie s’étend tous les ans et concerne actuellement 129 pays dont la France. Il n’existe pas de recommandation concernant l’activité de greffe d’organe solide en contexte endémique

Nous rapportons 2 donneurs (D) ayant transmis la Dengue à 4 receveurs (R) via les greffons rénaux (D1 à R1.1 et R1,2 ; et D2 à R2,1 et R2,2).

D1 a présenté une mort encéphalique après un hématome intracrânien post-traumatique dans un contexte de Dengue (sérotype2). Le prélèvement fut autorisé après 2 PCR sanguines négatives consécutives. D2 était en état de mort encéphalique suite à un hématome intracrânien post-traumatique (contexte d’alcoolisation). Le diagnostic de Dengue a été confirmé à postériori par PCR sanguine (sérotype1). Les receveurs R1,1, R1,2, et R2,2 avaient une sérologie négative à J0. Ils ont présenté une Dengue confirmée par PCR sanguine à J9, J5, et J12 respectivement. Les symptômes ont été modérés : fièvre, thrombopénie (64 et 104 et 48G/L respectivement) et cytolyse (3N) ; sans conséquence sur la fonction rénale. R2,1 avait une sérologie positive à J0 lié à une infection ancienne de sérotype1. À J10, il a présenté un état de choc hémorragique avec fièvre et thrombopénie sévère (11G/L) ayant nécessité une prise en charge en réanimation et conduisant à une reprise retardée de fonction rénale. La PCR sanguine des 4 receveurs s’est négativée entre J20 et J65 post-transplantation simultanément à une séroconversion durable. Dans les urines, la PCR est restée positive de façon prolongée : respectivement R1,1=J356 ; R1,2=J593 ; R2,1=J33 ; R2,2=J98 post transplantation (Fig. 1).

Ces cas de transmission par le greffon rénal confortent l’hypothèse d’un rôle réservoir du rein pour la Dengue et plaident pour la réalisation systématique d’une PCR sanguine et urinaire chez les donneurs en contexte endémique.