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Intoxication létale au Kratom : investigations toxicologiques d’un cas médicolégal - 20/09/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2021.06.004 
Théo Willeman 1, , Hélène Eysseric 1, Nathalie Allibe 2, François Chiron 3, Nathalie Fouilhé Sam-Laï 4, Michel Mallaret 4, Françoise Stanke-Labesque 1, Virginie Scolan 3
1 Laboratoire de pharmacologie, pharmacogénétique et toxicologie, CHU Grenoble Alpes, Grenoble, France 
2 Laboratoire de médecine légale, université Grenoble Alpes, Grenoble, France 
3 Clinique de médecine légale, CHU Grenoble Alpes, Grenoble, France 
4 CEIP-addictovigilance, CHU Grenoble Alpes, Grenoble, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectifs

Présenter les résultats d’investigations toxicologiques post-mortem d’un décès possiblement lié à une intoxication au Kratom (Mitragynia speciosa).

Méthode

Un homme de 24 ans, consommateur régulier de cocaïne et dextrométhorphane, est retrouvé en arrêt cardiorespiratoire à son domicile. Il est déclaré décédé après une tentative infructueuse de réanimation. Il est retrouvé des gélules transparentes contenant une poudre verte d’allure végétale pouvant être du Kratom. Les autorités judiciaires ont requis une autopsie et des analyses complémentaires toxicologiques.

Les milieux conventionnels sont prélevés à l’autopsie : sang cardiaque et périphérique, urine, contenu gastrique, bile, humeurs vitrées et cheveux. Une expertise toxicologique de référence est réalisée. Les dosages de mitragynine, un des principes actifs contenus dans le Kratom, ont été réalisés en CL/SM-SM dans les différents milieux biologiques. Les transitions m/z utilisées étaient 399,2>238,1 pour la quantification et 399,2>226,1 en confirmation.

Résultats

L’autopsie a mis en évidence un syndrome asphyxique marqué, sans autre élément macroscopique pathologique ou traumatique associé. Au regard des commémoratifs, une étiologie toxicologique a été soupçonnée. Il est mis en évidence de la mitragynine : sang périphérique (1710μg/L), urines (4040μg/L), bile (1990μg/L), humeur vitrée droite (21,8μg/L) et contenu gastrique (37,9mg/L). D’autres substances psychoactives sont identifiées dans le sang : diphenhydramine (357μg/L), prégabaline (14,7mg/L), THC, THC-OH, THC-COOH (16,9 ; 2,6 ; 34,3μg/L), dextrométhorphane (1,1μg/L), diazépam et nordiazépam (345 et 255μg/L), naloxone (5,3μg/L). L’analyse segmentaire (6 segments) des cheveux a mis en évidence des concentrations hétérogènes de mitragynine (153 ; 176 ; 706 ; 753 ; 300 ; 98pg/mg) et de cocaïne (0,77 ; 1,49 ; 2,08 ; 3,31 ; 5,07 ; 7,15ng/mg). L’analyse d’une gélule a révélé une teneur de 0,7 % en mitragynine.

Conclusion

C’est le second cas d’intoxication mortelle au Kratom documenté en France [1]. Alors que de multiples intoxications au Kratom sont décrites aux États-Unis, elles demeurent encore rares en France [2]. Le Kratom était vraisemblablement consommé per os. La concentration sanguine de mitragynine est d’ordre létal, celles de diphénhydramine et prégabaline d’ordre toxique. La recherche d’un effet « speedball » en remplaçant l’héroïne par la mitragynine et la cocaïne par la diphénhydramine est à évoquer dans le cas présent. L’analyse capillaire permet de supposer une baisse de consommation de Kratom dans les 2 mois ayant précédé le décès pouvant être responsable d’une perte d’accoutumance.

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Plan


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Vol 33 - N° 3S

P. S14 - septembre 2021 Retour au numéro
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  • Intérêt de rechercher la 4-ANPP dans les milieux biologiques comme marqueur d’une exposition au fentanyl ou à un analogue structural
  • Emilie Feisthauer, Audrey Farrugia, Alice Ameline, Laurie Gheddar, Nadia Arbouche, Jean-Sebastien Raul, Pascal Kintz
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  • Décès en lien avec la propafénone illustrant certaines difficultés d’interprétation post-mortem
  • Bénédicte Lelievre, Camille Richeval, Stéphane Malbranque, Guillaume Drevin, Séverine Ferec, Marie Briet, Florian Hakim, Jean-Michel Gaulier, Delphine Allorge

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