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Interprétation des cyanures dans le sang post-mortem : à propos d’un cas - 20/09/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2021.06.011 
Anne-Laure Pelissier-Alicot 1, , Jean-Michel Gaulier 2, Pierre-Edouard Fournier 3, Alexandr Gish 4, Caroline Sastre 5, Valérie Baillif-Couniou 5, Julien Reynoard 5, Chantal Champeaux 5, Marie-Dominique Piercecchi 5, Georges Léonetti 5
1 Médecine légale, AP–HM, Marseille, France 
2 Unité fonctionnelle de Toxicologie, CHU de Lille, Lille, France 
3 IHU Méditerranée infection, AP–HM, Marseille, France 
4 Unité fonctionnelle de toxicologie, CHU de Lille, Marseille, France 
5 Service de médecine légale, AP–HM, Marseille, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

La question des cyanures en post-mortem est toujours délicate à traiter en termes d’interprétation, notamment du fait de problèmes pré-analytiques (dégradation/production). Nous illustrons ces difficultés en rapportant un cas complexe d’interprétation des cyanures dans le sang post-mortem et présentant la démarche utilisée pour l’interprétation.

Méthode

Monsieur X., 67 ans, présentant une maladie de Parkinson très évoluée traitée par rasagiline et levodopa, est retrouvé en état de mort apparente à 11h20 dans la cellule d’incarcération qu’il occupait seul. Il a été vu vivant la dernière fois à 10h30. Une tentative de réanimation est effectuée sans succès. La levée de corps réalisée à 14h30 ne montre que les stigmates de la réanimation. La température corporelle est à 37°C pour une température dans la cellule de 30°C. L’autopsie réalisée le lendemain matin met en évidence des lésions athéromateuses diffuses sur l’ensemble du réseau vasculaire sans sténose coronaire significative. Des prélèvements à visée anatomopathologique et toxicologique (sang cardiaque et périphérique sur tubes fluorés, humeur vitrée, contenu gastrique, cheveux) sont réalisés. Les prélèvements toxicologiques sont immédiatement placés à +4°C et conservés à cette température jusqu’à analyse. Les alcools ont été recherchés dans le sang périphérique par HS-GC/FID. Le taux de carboxyhémoglobine a été mesuré dans le sang périphérique par méthode spectrophotométrique. Les cyanures sont dosés après par LC-MS/MS [1]. Ont été réalisées dans le sang périphérique une recherche large de principes actifs et/ou de métabolites de principes actifs de médicaments et autres toxiques par LC-HRMS ainsi qu’une recherche spécifique de substances stupéfiantes par LC-MS/MS.

Résultats

La recherche des alcools s’est avérée négative. Le taux de carboxyhémoglobine mesuré dans le sang périphérique est inférieur à 5 % de l’hémoglobine totale. La concentration de cyanures mesurée dans le sang périphérique est de 1,23mg/L. Il n’a pas été décelé de principes actifs et/ou de métabolites de produit stupéfiants, de médicaments ou toxiques dans le sang périphérique. L’examen anatomopathologique met en évidence des lésions de défaillance circulatoire prolongée avec des nécroses cardiaques de bas débit sans remaniement significatif. La présence de corps de Lewy dans le locus niger confirme le diagnostic de maladie de Parkinson. Plusieurs hypothèses ont été évoquées pour expliquer cette concentration de cyanures élevée. Compte tenu de l’état cognitif de la victime, un suicide a été immédiatement écarté. De la même manière, les données de l’enquête ont permis d’éliminer un homicide. Les données du dossier médical ont confirmé que la victime ne fumait pas et n’avait pas eu de prescription récente de nitroprussiate. Le procès-verbal de fouille de la cellule a confirmé l’absence de plantes ou aliments contenant des hétérosides cyanogénétiques. Le dosage des cyanures dans l’échantillon de sang périphérique a été vérifié deux fois avec l’obtention des mêmes valeurs élevées. L’échantillon de sang cardiaque a alors été analysé, avec un résultat à 0,044mg/L. Le rapport des concentrations sang cardiaque/sang périphérique rendant peu probable l’hypothèse d’une redistribution post-mortem [2], l’hypothèse la plus vraisemblable est une contamination de l’échantillon de sang périphérique par des bactéries cyanogènes. La PCR ARN16S effectuée sur les deux échantillons s’avère négative sur l’échantillon de sang cardiaque mais ininterprétable sur l’échantillon de sang périphérique pour lequel des cultures sont en cours.

Conclusion

L’interprétation des concentrations post-mortem d’ions cyanures demeure une source de difficultés potentielles et doit idéalement s’appuyer sur des données analytiques dans différents échantillons sanguins (sang périphérique, sang cardiaque gauche et droit), des investigations complémentaires ainsi que des données d’anamnèse complètes.

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Vol 33 - N° 3S

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