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Mésusage de la prégabaline au sein d’une population de patients en garde à vue : étude rétrospective à l’unité médicojudiciaire de l’Hôtel-Dieu - 20/09/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2021.06.014 
Elizabeth Alcaraz , Laurène Dufayet, Isabelle Sec
 Unité médicojudiciaire, hôpital Hôtel-Dieu, Paris, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

Le mésusage de la prégabaline est un phénomène émergent depuis une dizaine d’années. Certaines populations dites « à risque » y semblent plus exposées. C’est le cas des personnes ayant des troubles d’usage de substance (TUS) et/ou psychiatriques actuels ou passés. Malgré une haute prévalence de ces affections chez les patients en garde à vue, aucune étude n’a, à notre connaissance, évaluée spécifiquement cette problématique parmi eux.

L’objectif était d’évaluer et caractériser le mésusage de la prégabaline par une population de sujets en garde à vue à Paris.

Méthode

Étude rétrospective monocentrique conduite du 1er janvier au 31 mars 2020 à l’unité médicojudiciaire de l’Hôtel-Dieu de Paris. Les informations concernant les modalités de consommation de prégabaline par des sujets en garde à vue, examinés par neuf praticiens, ont été recueillies. Les données concernant le sexe, l’âge, l’origine géographique ainsi que la régularité sur le sol français ont également été extraites des dossiers.

Résultats

Soixante et un dossiers ont été inclus dans l’étude. Quatre-vingt-dix-huit pour cent des patients étaient de sexe masculin et 77 % étaient mineurs. Quatre-vingt-seize pour cent des patients rapportaient être originaires du Maghreb et 80 % être en situation irrégulière en France. Une consommation illicite de substance était retrouvée dans 76 % des dossiers. Dans la majorité des cas, la consommation de la prégabaline avait été initiée dans le pays d’origine du patient. L’acquisition actuelle de prégabaline se faisait principalement sans ordonnance (83 %), sur le marché noir. La prégabaline était principalement consommée par voie orale (95 %). La posologie quotidienne moyenne retrouvée dans notre étude était de 1141mg, et la dose maximale de 5100mg soit 8,5 fois la posologie journalière maximale. L’effet principalement recherché par les consommateurs était l’anxiolyse (49 %). Un mésusage de la prégabaline était avéré dans 58 dossiers (95 %).

Conclusion

La prégabaline est commercialisée en Europe, pour la prise en charge des douleurs neuropathiques, du trouble anxieux généralisé et comme traitement adjuvant dans les crises convulsives partielles chez l’adulte. Les premiers signaux de mésusage de la prégabaline apparaissent dans la littérature en 2010 [1] et s’intensifient depuis cette date. En France, ce mésusage a été repéré par l’addictovigilance française (comité technique des CEIP, 21 mars 2019), et la prégabaline est, en 2020, la molécule la plus présente sur les ordonnances falsifiées [2].

Les principaux facteurs de risques de mésusage de la prégabaline décrits dans la littérature, le sexe masculin, l’âge jeune et les troubles d’usage de substances, se retrouvent dans notre étude [3, 4, 5]. Mais contrairement aux études conduites auprès de populations carcérales, aucune consommation concomitante d’opiacés n’a été objectivée. Les résultats de notre étude sont en faveur d’un début de consommation particulièrement précoce de la molécule, par une population mineure originaire du Maghreb et actuellement en situation irrégulière sur le sol français. Ces données ethno-sociodémographiques semblent absentes de la littérature scientifique.

L’étude a permis de mettre en évidence un foyer spécifique de mésusage de prégabaline, constitué de mineurs originaires du Maghreb en situation irrégulière sur le sol français. Les modalités de consommation et d’approvisionnement sont en faveur d’un mésusage importé des pays d’origine qui se diffuse sur le territoire français. Ces constats sont superposables aux schémas de détournement du clonazépam antérieurement rapportés dans cette même population. La morbi-mortalité liée au mésusage de la prégabaline, en particulier dans des cas de poly-intoxication, suscite une inquiétude majeure. Des mesures de prévention adaptées à la situation sociale et judiciaire de ces patients sont nécessaires.

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Plan


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Vol 33 - N° 3S

P. S19-S20 - septembre 2021 Retour au numéro
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  • Augmentation de l’usage récréatif de la prégabaline chez les adolescents en contexte de précarité
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  • Poly-intoxication volontaire associant le clonazépam, la prégabaline et des stupéfiants : à propos d’une série de cas d’adolescents
  • Touria Mernissi, Valérie Gras, Kamel Masmoudi, Jean-Michel Gaulier, Sylvie Deheul, Sandra Bodeau, Anne-Sophie Lemaire-Hurtel, Camille André, Youssef Bennis

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