L’incendie de Notre Dame de Paris (NDP) a alerté les autorités sanitaires quant au risque d’intoxication liée au plomb contenu dans les fumées. Une incitation au dépistage de la population située à proximité du site a été mise en place. Plusieurs profils d’exposition ont été identifiés, avec celui des professionnels travaillant sur site ou à proximité (pompiers, ouvriers, salariés de bureaux…), celui de la population générale résidant à proximité, et notamment les enfants, qui constituaient la population la plus à risque de contamination. Nous rapportons ici les données issues du dépistage de ces populations.

Les données concernant les mineurs ont été extraites du système de surveillance du saturnisme infantile en Île-de-France. Les données adultes sont issues de consultations médicales avec prélèvement sanguin pour dosage de la plombémie. Les dosages ont été réalisés dans plusieurs laboratoires sur la région Île-de-France par des méthodes en torche à plasma couplée à de la spectrométrie de masse (ICPMS). Des comparaisons ont été établies entre les résultats obtenus et les données disponibles en population générale. Pour les plombémies les plus élevées, des analyses complémentaires par isotopie du plomb sont envisagées pour essayer d’identifier les sources.

Au total, 1219 enfants ont bénéficié d’une plombémie entre le 16 avril et le 31 décembre 2019. Les moyennes géométriques (IC95 %) étaient de 13,7 (13,1–14,2) μg/L pour les enfants de 0,5 à 6 ans et de 11,6 (11,1–12,1) μg/L pour ceux de 6 à 17 ans. Treize enfants avaient une plombémie supérieure au seuil de déclaration du saturnisme infantile en France de 50μg/L avec la valeur la plus élevée de 135μg/L pour l’un d‘entre eux. Dans une population de 259 adultes surveillés, 92 étaient résidents et 167 travaillaient autour de NDP. La moyenne des concentrations mesurées étaient de 14,9μg/L (13,8–16,2) μg/L, avec une valeur maximale de 329,3μg/L pour un des travailleurs.

La comparaison des résultats des enfants de NDP et des études épidémiologiques montre une probable surexposition faible au plomb des enfants franciliens, déjà observées dans des études précédentes. Toutefois, pour mieux interpréter ce type de résultats, on rappellera l’intérêt d’identifier toutes les sources d’exposition au plomb dans une situation d’intoxication (eau, peintures, cosmétiques, tabac…) et de confronter les données individuelles aux résultats des enquêtes environnementales. Enfin, d’une façon générale, la détermination des mesures de ratios isotopiques comparatives entre les poussières et les prélèvements biologiques peut permettre de discriminer les différentes sources à l’origine d’une contamination, en cas d’exposition à des sources de plomb multiples. En conclusion, la question que l’on est en droit de se poser encore aujourd’hui reste : les résultats des plombémies ont-ils un lien avec l’incendie de NDP ?