Tentatives d’homicide sur descendant et de suicide de la mère par injection d’insuline asparte : identification et dosage de l’insuline par LC-HRMS et UPLC-MS/MS dans le sang des 2 protagonistes - 20/09/21
Résumé |
Objectifs |
Présenter un cas d’empoisonnement par insuline asparte après injection à un enfant non diabétique, suivi d’une tentative de suicide de l’auteur (la mère) et décrire les résultats des analyses effectués par LC-HRMS et UHPLC- MS/MS sur les échantillons de sang des 2 protagonistes.
Méthode |
L’identification et la quantification de l’insuline et de ses analogues représentent toujours un défi dans le domaine de la toxicologie médicolégale. Des tentatives d’homicide, des hypoglycémies induites dans le cadre du syndrome de trouble factice (Münchhausen by proxy) et des suicides ont été rapportés avec les analogues synthétiques de l’insuline humaine. Nous décrivons le cas d’une infirmière de 48 ans qui tente de tuer sa fille de 10 ans en lui injectant de l’insuline asparte. Par la suite, la mère appelle les urgences et tente, dans la foulée, de se suicider en s’injectant la même hormone. Les deux sujets n’étaient pas diabétiques. Dans leur appartement, deux seringues vides et un stylo d’insuline aspart à action rapide FIASP FlexTouch (Novolog) ont été retrouvés. Les seringues et le stylo ont été saisis et remis au laboratoire pour en analyser le contenu. À l’arrivée à l’hôpital, la glycémie n’a été mesurée que chez la mère (0,89g/L). Des échantillons de sang ont été prélevés sur l’enfant (Vacutainer à bouchon gris) et la mère (Vacutainer à bouchon vert) par les services de secours, sur place, et transférés au laboratoire pour analyse toxicologique large. Les échantillons de sang (non centrifugés) ont été conservés à +4°C jusqu’à l’analyse. La recherche de l’insuline dans les seringues et le stylo a été réalisée après rinçage par acide acétique à 2 % et analyse par LC-HRMS (Waters XEVO G2 Q-ToF). L’identification et quantification de l’insuline asparte a été effectuée dans le sang de deux sujets après précipitation en présence d’insuline bovine (étalon interne) par un mélange d’acétonitrile/méthanol+1 % d’acide formique, suivi d’une purification par passage sur cartouche SPE de type OASIS MAX. La séparation chromatographique a été réalisée sur une colonne CORTECS C18+ et la détection par spectrométrie de masse sur UHPLC- MS/MS (Waters XEVO TQS micro) avec confirmation par LC-HRMS. La caractérisation de l’insuline asparte a été réalisée en utilisant l’ion précurseur m/z 1165,9 (état de charge 5+) et les ions fragments m/z 971,8, 660,8 et 219,2.
Résultats |
La recherche de l’insuline dans les seringues et le stylo par UPLC-HRMS a confirmé la présence d’insuline asparte. Les analyses toxicologiques effectuées sur l’échantillon de sang de la mère ont mis en évidence de l’éthanol (1,72g/L), du bromazépam (1,6mg/L) et de la venlafaxine (265ng/mL). Chez l’enfant, aucun xénobiotique n’a été identifié. Le dosage de l’insuline asparte a donné une concentration de 2,4ng/mL chez l’enfant et de 5,7ng/mL chez la mère. Compte tenu du délai entre le moment des prélèvements de sang et la validation de la méthode analytique (8 mois), les concentrations sanguines d’insuline au moment des faits pouvaient être plus importantes, d’autant que cette hormone est connue pour son instabilité physicochimique.
Conclusion |
L’insuline est l’une des molécules hypoglycémiantes les plus prescrite. Bien que son usage dans la pratique clinique soit destiné au traitement du diabète mellitus, son utilisation dans un contexte médicojudiciaire a parfois été décrit. Le développement d’une méthode analytique utilisant de la spectrométrie de masse à haute résolution, a permis d’identifier l’insuline asparte et de la distinguer de l’insuline humaine dans les deux échantillons biologiques dans un contexte d’homicide, suivi par une tentative de suicide.
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Vol 33 - N° 3S
P. S29 - septembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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