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La strychnine, un vieux poison… toujours d’actualité ! - 20/09/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2021.06.034 
Camille Paradis 1, , Jules Vaucel 1, Denis Dondia 1, Arnaud Courtois 1, Audrey Nardon 1, Magali Labadie 1,

Investigator list

C. Tournoud 3, J. Langrand 4, H. Laborde-Casterot 4, N. Franchitto 5, N. Simon 6, A. Patat 7, M. Bretaudeau 2
1 Centre antipoison, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France 
2 Centre antipoison, Association des centres antipoison, Bordeaux, France 
3 Centre antipoison et de toxicovigilance Est, CHRU de Nancy, Nancy, France 
4 Centre antipoison et de toxicovigilance de Paris, AP–HP, Paris, France 
5 Centre antipoison et de toxicovigilance de Toulouse, CHU de Toulouse, Toulouse, France 
6 Centre antipoison et de toxicovigilance de Marseille, hôpitaux universitaires de Marseille, Marseille, France 
7 Centre antipoison et de toxicovigilance de Lyon, hospices civils de Lyon, Lyon, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

La strychnine est un alcaloïde toxique utilisé depuis le 15e siècle comme rodenticide ; son utilisation est interdite en France depuis 1999 [1, 2]. Cependant, des cas souvent mortels sont toujours signalés, notamment aux centres antipoison. En janvier 2020, le centre antipoison était contacté pour un cas de suicide avec 5g d’une poudre contenue dans un vieux flacon pharmaceutique identifié : « strychnine sulfate neutre » ; le patient est décédé. Notre travail a pour objectif de décrire les cas d’intoxication par la strychnine rapportés aux centres antipoison français.

Méthode

Nous avons conduit une étude multicentrique non-interventionnelle à partir des données des centres antipoison français entre le 01/01/2007 et le 30/09/2019. Les dossiers ont été sélectionnés par la recherche du mot-clé « strychnine » dans les observations, des agents d’exposition qui contenaient de la strychnine ou des dossiers suspectés d’être des intoxications à la strychnine pour lesquels une strychninémie était positive. Les dossiers exclus étaient des demandes d’information sans exposition, des dossiers impliquant des animaux, des expositions à des produits qui ne contenaient finalement pas de strychnine ou qui n’étaient pas clairement identifiés, également en l’absence de strychnine dans le sang (ou non détectable ou non quantifiable) avec des agents non-identifiés ou enfin lorsque l’exposition était mise en doute.

Résultats

Il a été possible de sélectionner 280 dossiers, dont 186 ont été exclus. Au final, 94 cas ont été retenus et analysés. L’incidence moyenne était de 7,2±3,4 cas par an, relativement stable dans le temps. L’âge médian était de 54 ans avec un sex-ratio de 2,36 (H/F). La circonstance était très souvent volontaire (72 cas soit 78 %), résultant le plus souvent d’une conduite suicidaire (71 cas soit 92 % des cas volontaires), 1 cas était d’origine criminelle et 1 cas était de circonstance indéterminée. Quinze patients sont décédés (14 %), 10 (68 % des décédés) l’ont été sur place avant l’arrivée des secours. Sur les dossiers sélectionnés dans notre étude, les symptômes étaient les suivants : myoclonies (23 cas soit 25 %), convulsions (20 cas soit 21 %), vomissements (20 cas soit 21 %), hypertonie généralisée (19 cas soit 20 %) et des symptômes cardiovasculaires : arrêt cardiaque (19 cas soit 20 %). Une strychninémie s’est révélée positive dans 13 cas (soit 14 %), le prélèvement avait lieu entre 2,2 et 41h après l’exposition et les concentrations sériques s’échelonnaient entre 0,067 et 1,8mg/L. Les techniques de dosage n’étaient pas mentionnées dans les dossiers.

Conclusion

L’intoxication par la strychnine est un évènement relativement rare mais qui reste présent à bas bruit d’année en année avec une certaine constance. Même si ce produit est interdit sur le territoire, il reste facile à obtenir sur internet ce qui augure une probable continuité des expositions. Théoriquement les symptômes débutent 15 à 30 minutes après l’ingestion par la survenue brutale d’une hyperexcitabilité musculaire, avec des contractures déclenchées à la moindre stimulation, un trismus, un opisthotonos puis des convulsions généralisées. Une rhabdomyolyse et une acidose lactique secondaire sont décrites. Le patient décède généralement d’une défaillance multiviscérale (respiratoire (asphyxie), cardiaque, rénale et cérébrale) [2, 3]. Les centres antipoison apportent une claire plus-value dans leur prise en charge, en particulier car l’intoxication est rare, sévère et mal connue.

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Vol 33 - N° 3S

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