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Syndrome phalloïdien : série rétrospective de 204 cas - 20/09/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2021.06.037 
Jérémy Lecot 1, , Chloé Bruneau 1, Arnaud Courtois 2, Dominique Vodovar 3, Anne Landreau 4, Gaël Le Roux 1, Alexis D’Escatha 1
1 Centre antipoison, CHU Angers, Angers, France 
2 Centre antipoison, CHU Bordeaux, Bordeaux, France 
3 Centre antipoison, hôpital Fernand-Widal–Lariboisière, AP–HP, Paris, France 
4 Faculté de santé, université d’Angers, Angers, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

Le syndrome phalloïdien est une urgence médicale responsable de 90 % des décès par ingestion de champignons supérieurs. L’objectif de cette étude rétrospective était de décrire et d’analyser les cas d’intoxications phalloïdiennes et de rechercher des facteurs de risques pouvant influencer la gravité ou la mortalité des patients, afin d’optimiser leur prise en charge.

Méthode

Le schéma d’étude choisi est une étude rétrospective bicentrique. Tous les cas d’intoxication responsables de syndromes phalloïdiens, gérés par les centre antipoison (CAP) d’Angers et de Bordeaux de 2013 à 2019 incluses, ont été recensées. Pour chaque cas d’intoxication le sexe, l’âge, l’espèce de champignon si elle avait été formellement identifiée par un mycologue ou par le CAP, la durée d’hospitalisation, les antécédents du patients, les traitements mis en place, les symptômes cliniques et biologiques, la gravité des symptômes (selon la cotation de la gravité du Poison Severity Score [PSS]) et l’évolution du patient, ont été recueillis.

Résultats

Deux cent quatre cas de syndromes phalloïdiens ont été inclus. Dans 78 cas (39 %), le champignon responsable de l’intoxication a pu être identifié avec certitude. Seules 5 espèces ont été recensées responsables des intoxications : Amanita phalloides (73 %), Amanita virosa (4 %), Amanita verna (11,5 %), Galerina marginata (2,5 %) et Lepiota brunneoincarnata (10 %). Le dosage analytique des amanitines urinaires a été réalisé dans 151 cas (74 %). Il est négatif chez 34 patients (16,7 %), positifs pour 117 (57,3 %) et non réalisé pour 53 (26 %). Il est réalisé en moyenne 54,4heures (Et=33,74/min=45/max=250) après ingestion.

Tous les patients ont présenté des troubles digestifs et 9 patients (4,6 %) des signes cliniques compatibles avec une encéphalopathie hépatique. Plus des trois quarts ont développé une augmentation des ASAT et/ou des ALAT (78,1 %), plus des deux tiers une hyperbilirubinémie (65,9 %). Plus de la moitié avait des signes biologiques compatibles avec une insuffisance hépatocellulaire (53 %-TP<70 % ; 54 %-FV<70 %). On notait également une insuffisance rénale aiguë chez 38,7 % des patients et une thrombopénie chez 21,2 % des patients. Presque la moitié avait un PSS3 (46,6 %) et 9 patients sont décédés (PSS4). Treize patients (6,4 %) ont gardé des séquelles à la suite de leur intoxication : insuffisance rénale non résolue plus d’un mois après l’ingestion et greffe hépatique. Plus de la moitié des patients ont été admis en réanimation (55,2 %). Différents antidotes ont été administrés : N-acétylcystéine chez 175 patients (85,8 %), Legalon SIL® chez 161 patients (79,3 %) et pénicilline G chez 18 patients (8,8 %). Quatorze patients (6,9 %) ont été dialysés. Cinq patients (2,5 %) ont été greffés.

L’analyse statistique des données a permis de montrer que l’âge semblait être un facteur de gravité. L’âge moyen des patients était significativement plus élevé dans les groupes de gravité PSS2 et PSS3-4 (57,2/55,8 ans) par rapport au groupe de gravité PSS1 (47,1 ans) (p=0,012 PSS1 vs PSS2 ; p=0,015 PSS1 vs PSS3+4). De plus, les patients décédés ou présentant des séquelles avaient un âge moyen (65,2 ans) significativement supérieur par rapport aux patients guéris (53,2 ans) (p=0,0085). Le délai d’apparition moyen des troubles digestifs était également plus court chez les patients PSS2 et PSS3-4 (11h/Et=3,87/Et=6,25) que chez les patients PSS1 (14h/Et=6,48) (p=0,015 PSS1 vs PSS2 ; p=0,011 PSS1 vs PSS3+4). Enfin, les patients décédés ou gardant des séquelles avaient plus de comorbidités cardiovasculaires par rapport aux patients guéris (60,0 % contre 29,5 %) (p=0,0088).

Conclusion

Les résultats de cette étude montrent que l’âge et la rapidité de survenue des troubles digestifs sont associés à des syndromes phalloïdiens plus sévères. Cette étude nous permet d’améliorer la prise en charge des patients présentant un syndrome phalloïdien en ayant à la fois une meilleure connaissance de ce dernier et une vigilance accrue sur la présence des facteurs de risques identifiés.

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