Consommation dans un cadre festif de GHB et de X-MMC : une association dangereuse ! - 20/09/21
Résumé |
Objectifs |
En 2018, une étude conduite à l’hôpital Lariboisière décrivait sur une période de huit mois, 30 cas d’intoxication au GHB, associés dans près d’un tiers des cas à la prise de MDMA [1 ]. Un seul décès était observé non imputable à l’intoxication. Au regard de l’augmentation du nombre de décès observés chez des patients hospitalisés pour intoxications au GHB, il nous a paru intéressant de réactualiser nos données sur les deux dernières années.
Méthode |
Entre janvier 2019 et décembre 2020, 72 cas d’intoxication au GHB/GBL ont été observés. Les dosages de GHB ont été réalisés par un test enzymatique sur automate (Bühlmann Laboratories AG) dans le plasma (positif>5mg/L) et dans les urines (positif>10mg/L). Les bilans toxicologiques d’entrée ont été réalisés sur plasma et urines par méthodes immunochimiques et enzymatiques (Alinity TM, Abbott) complétés par un screening en LC/DAD/MS (plasma), GC/MS (urine) et LC/MSHR (Q Exactive FocusTM, Thermo Scientific). Une analyse rétrospective de ces 72 patients a été réalisée.
Résultats |
Ce sont en majorité des hommes (94,4 %), avec une médiane d’âge de 30 ans, consommateurs dans des contextes festifs (50 %). Les concentrations mesurées en GHB ont des valeurs moyennes de 191,9±162,9mg/L (5 à 723mg/L) dans le plasma et de 1872,6±2473,5mg/L (10 à 14 666mg/L) dans les urines. Les screening toxicologiques montrent qu’ils sont polyconsommateurs (87,5 %) associant des substances de type amphétaminique (55,6 %), de la cocaïne (33 %), de l’alcool (33 %), du cannabis (17 %) et des opiacés (16 %). Sur les 55,6 % consommateurs de GHB et d’amphétamines, 80 % sont consommateurs de X-MMC (3-MMC ou 4-MMC non discriminés), 35 % de métamphétamine et 15 % de MDMA. Huit décès sont observés dont 7 en 2020 pendant la période qui s’étend du premier confinement lié au contexte sanitaire de la COVID-19 à la période estivale. Parmi ces 7 cas, on observe 4 hommes ayant consommé du GHB, de la X-MMC et de l’alcool pour l’un d’entre eux. Un homme est retrouvé sur la voie publique et les trois autres dans des appartements privés après une soirée festive, tous dans des états comateux. Ils décèdent suite à des défaillances multiviscérales, accident cardiorespiratoire et/ou œdème cérébral diffus semblant être directement en lien avec le tableau d’intoxication. On observe également sur cette même période d’avril à septembre 2020, un nombre plus élevé de 28 cas d’intoxications au GHB dont plus de la moitié sont associés à des consommations d’amphétamines (15 cas/28) et majoritairement de la X-MMC (14 cas/15).
Conclusion |
Cette nouvelle étude décrit une population similaire à celle de 2018, des hommes polyconsommateurs dans des contextes de soirées festives. Alors que près de 28 % en 2018 étaient consommateurs de MDMA et 13 % de X-MMC, une augmentation importante est observée depuis 2019 avec près de 55,6 % de consommateurs de substances de type amphétaminique dont seulement 8,3 % de consommateurs de MDMA et près de 44,4 % de X-MMC. Pour tenter d’expliquer le nombre de décès plus important, on peut s’interroger sur le rôle de ces nouveaux profils de consommation à des fins récréatives et sur l’impact du contexte sanitaire de 2020 imposant l’organisation différente des soirées festives. Le retard de prise en charge des patients se retrouvant dans des lieux privés, la consommation augmentée de GHB associée à la X-MMC peuvent être à l’origine de modifications de la vigilance des consommateurs et de leurs comportements plus à risque qui participent à l’augmentation du nombre de décès. Cette étude renforce la nécessité aujourd’hui de dépister les nouvelles substances type X-MMC dans les bilans d’urgence de Toxicologie.
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Vol 33 - N° 3S
P. S34 - septembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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