Dosages de la nicotine et de la cotinine dans le sérum et le liquide folliculaire chez 90 patientes prises en charge en aide médicale à la procréation : corrélation avec les paramètres de FIV/ICSI - 20/09/21
Résumé |
Objectifs |
Le tabagisme est un problème de santé publique qui conduit notamment à une altération de la fonction de reproduction. Dans ce contexte, nous avons mené une étude prospective visant à déterminer l’impact d’une exposition au tabac évaluée par des dosages de nicotine et de cotinine, son métabolite, dans 2 matrices : le sérum et le liquide folliculaire sur les paramètres d’aide médicale à la procréation. L’objectif principal était de déterminer s’il existait une corrélation entre les concentrations sériques et folliculaires de cotinine et de nicotine mesurées chez les patientes traitées par fécondation in vitro (FIV) et injection intra-cytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) et la survenue d’une grossesse et d’un accouchement.
Méthode |
Il s’agit d’une étude monocentrique prospective menée entre janvier 2013 et octobre 2017 sur une cohorte de couples consultant pour infertilité au CECOS de Picardie. Les données médicales (statut tabagique, IMC, âge, antécédents, étiologie et durée de l’infertilité…) et biologiques (concentrations d’anti-mullerian hormone [AMH], de FSH, d’œstradiol, nombre et qualité des ovocytes prélevés à la ponction, développement embryonnaire…) ont été recueillies. Les concentrations de cotinine et de nicotine dans le sérum et le liquide folliculaire prélevés de façon standardisée le jour de la ponction ovocytaire ont été mesurées par CLHP-SM-SM par une méthode validée selon les directives de l’EMA (système HPLC Prominence, Shimadzu® couplé à un spectromètre de masse en tandem 3200 QTRAP™ Sciex® en mode MRM). Les échantillons ont été extraits par SPE automatisée sur ASPEC Gilson™ et cartouches HLB Oasis™ Waters™.
Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel R™ version 2.2.0. Une régression linéaire a été utilisée pour estimer les corrélations entre les dosages sanguins et folliculaires des dérivés du tabac. Des tests paramétriques ou non paramétriques ont été utilisés pour comparer les groupes fumeurs et non-fumeurs.
Résultats |
Au total, 90 patientes ont été incluses, parmi lesquelles 30 % de fumeuses. Les patientes, réparties en deux groupes selon leur statut tabagique déclaré ne présentaient pas de différences significatives en termes d’antécédents (âge, IMC, bilan hormonal, troubles de la fertilité et durée d’infertilité, traitements médicamenteux). Les concentrations sanguines et folliculaires de cotinine et de nicotine étaient significativement plus élevées chez les femmes fumeuses que chez les non-fumeuses (p<0,0001). Une corrélation significative a été observée entre les concentrations folliculaires de cotinine et celles sériques (R2=0,74, p≤0,0001), de même pour la nicotine (R2=0,69, p≤0,0001). Les concentrations mesurées de cotinine étaient plus élevées dans les follicules que dans le sérum, à l’inverse de la nicotine. La concentration d’AMH était significativement plus basse chez les patientes fumeuses que chez les non-fumeuses (3,84±2,55 vs 6,28±7,40, p<0,05) signifiant que la consommation de tabac réduirait le taux d’AMH. Il n’a pas été mis en évidence de lien entre les dosages des dérivés du tabac et la survenue d’une grossesse ou d’un accouchement, ni de lien entre le statut tabagique déclaré et la survenue d’une grossesse ou d’un accouchement.
Conclusion |
Les atouts de cette étude sont l’aspect prospectif de la cohorte et l’utilisation du dosage de la cotinine et de la nicotine sanguine et folliculaire permettant une mesure objective de l’intoxication tabagique. La consommation tabagique est associée à une diminution du taux d’AMH faisant évoquer une diminution de la réserve ovarienne et confirmant les données de la littérature. L’absence de lien significatif entre le tabagisme et la survenue d’une grossesse ou d’un accouchement peut s’expliquer par l’étude du seul statut tabagique des femmes, sans prendre en compte un éventuel tabagisme passif et une éventuelle exposition à d’autres facteurs environnementaux pouvant modifier la fertilité (pesticides, polluants atmosphériques).
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Vol 33 - N° 3S
P. S38 - septembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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