S'abonner

Syndromes mycotoxiques de latence courte : des syndromes à ne pas négliger - 20/09/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2021.06.070 
Chloé Bruneau 1, , Anne Landreau 2, Edwige Aubriot 3, Philippe Chauveau 1, Gaël Le Roux 1, Alexis D’Escatha 1
1 Centre Antipoison et Toxicovigilance du Grand Ouest, Centre Hospitalier Universitaire, Angers, France 
2 Groupe d’Étude des Interactions Hôte-Pathogène, Faculté de Santé, Angers, France 
3 Pharmacie officinale, Angers, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectifs

La majorité des décès et des intoxications graves suite à l’ingestion de champignons sont principalement dues à des syndromes mycotoxiques à durée d’incubation longue (>6h après ingestion). Ces derniers sont donc communément redoutés par les cliniciens. Cependant, il a été constaté certaines années, que plus de la moitié des intoxications graves par ingestion de champignons ont été provoquées par des syndromes mycotoxiques de latence courte (<6h après ingestion). Ainsi, l’objectif de ce travail est de décrire et recenser les cas d’intoxication aux champignons de latence courte.

Méthode

Une étude rétrospective descriptive des cas d’intoxication recensés au centre antipoison (CAP) d’Angers suite à l’ingestion de champignons de latence courte a été réalisée sur une période de six années du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2018.

Résultats

Sur les 2771 cas d’exposition aux champignons recensés au CAP d’Angers sur la période d’étude 308 cas de gravité moyenne et forte ont été rapportés. Parmi les intoxications de gravité moyenne et forte 51 % (n=158) étaient de latence courte. Les intoxications par champignons avec un syndrome de latence coute représentaient 62 % (n=141) des cas de gravité moyenne, 20 % (n=17) des cas de gravité forte et 25 % (n=2) des décès. Dans la quasi-totalité des cas d’intoxication par champignon à latence courte de gravité moyenne et forte les patients ont été hospitalisés. Le syndrome résinoïdien était le syndrome mycotoxique de latence courte le plus représenté (39 % ; n=61), suivi du syndrome sudorien (28 % ; n=45) et du panthérinien (25 % ; n=40). Parmi ces syndromes, la répartition des gravités moyenne et forte pour chaque syndrome était : 97 % de gravité moyenne et 2 % de gravité forte pour le syndrome résinoïdien avec une durée moyenne d’hospitalisation de 1,35jours, 80 % de gravité moyenne et 20 % de gravité forte pour le syndrome sudorien avec une durée moyenne d’hospitalisation de 1,93jours, 85 % de gravité moyenne et 15 % de gravité forte avec une durée moyenne d’hospitalisation de 1,64jours pour le syndrome panthérinien. La majorité des cas d’intoxications ont fait suite à une confusion dans l’identification des champignons par les patients ou leur entourage. Seuls les cas de syndrome narcotinien et quelques cas de recherche de champignons du genre Amanita avaient pour origine un but récréatif.

Concernant plus spécifiquement les cas de gravités fortes et les décès, l’âge moyen des patients était de 68 ans (écart type 13,52 ; min 39, max 91 ans), seuls 31 % des patients avaient des antécédents notables, la prise en charge (PEC) a été précoce dans 94 % des cas (15 cas sur 16) avec une moyenne de PEC hospitalière de 5heures après l’ingestion des champignons (en excluant la PEC tardive de 4jours) ; seule la quantité supposée ingérée n’a pas pu être appréciée (donnée suggestive ou manquante).

Conclusion

Les syndromes mycotoxiques de latence courte, de réputation d’être de pronostic favorable, sont souvent banalisés. Cette étude permet de mettre en évidence qu’ils peuvent être potentiellement graves voire fatals. Ils sont en effet responsables de la moitié des hospitalisations, d’un cinquième des cas de mise en jeu du pronostic vital et d’un quart des décès. Ce travail servira d’étape préliminaire pour l’étude nationale des cas d’intoxications par champignon de latence courte dans le cadre de la veille nationale sanitaire coordonnée par l’ANSES et l’ensemble des CAP afin d’assurer une prévention et une prise en charge optimale des patients en alertant et sensibilisant les professionnels de santé sur la dangerosité potentielle des syndromes mycotoxiques de latence courte.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2021  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 33 - N° 3S

P. S52 - septembre 2021 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Étude sur la prise en charge des intoxications aiguës par paracétamol dans les services d’urgences de la région Auvergne Rhône Alpes
  • Cecile Chevallier, Nathalie Jarrier, Anne Marie Patat, Nathalie Paret
| Article suivant Article suivant
  • Lien entre gravité et concentration plasmatique et/ou urinaire de glyphosate et de son métabolite actif dans les intoxications aux herbicides. Étude des cas du centre antipoison d’Angers sur 12 ans
  • Morgane Cellier, Norah Anthony, Chloé Bruneau, Alexis D’Escatha

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.