Syndromes mycotoxiques de latence courte : des syndromes à ne pas négliger - 20/09/21
Résumé |
Objectifs |
La majorité des décès et des intoxications graves suite à l’ingestion de champignons sont principalement dues à des syndromes mycotoxiques à durée d’incubation longue (>6h après ingestion). Ces derniers sont donc communément redoutés par les cliniciens. Cependant, il a été constaté certaines années, que plus de la moitié des intoxications graves par ingestion de champignons ont été provoquées par des syndromes mycotoxiques de latence courte (<6h après ingestion). Ainsi, l’objectif de ce travail est de décrire et recenser les cas d’intoxication aux champignons de latence courte.
Méthode |
Une étude rétrospective descriptive des cas d’intoxication recensés au centre antipoison (CAP) d’Angers suite à l’ingestion de champignons de latence courte a été réalisée sur une période de six années du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2018.
Résultats |
Sur les 2771 cas d’exposition aux champignons recensés au CAP d’Angers sur la période d’étude 308 cas de gravité moyenne et forte ont été rapportés. Parmi les intoxications de gravité moyenne et forte 51 % (n=158) étaient de latence courte. Les intoxications par champignons avec un syndrome de latence coute représentaient 62 % (n=141) des cas de gravité moyenne, 20 % (n=17) des cas de gravité forte et 25 % (n=2) des décès. Dans la quasi-totalité des cas d’intoxication par champignon à latence courte de gravité moyenne et forte les patients ont été hospitalisés. Le syndrome résinoïdien était le syndrome mycotoxique de latence courte le plus représenté (39 % ; n=61), suivi du syndrome sudorien (28 % ; n=45) et du panthérinien (25 % ; n=40). Parmi ces syndromes, la répartition des gravités moyenne et forte pour chaque syndrome était : 97 % de gravité moyenne et 2 % de gravité forte pour le syndrome résinoïdien avec une durée moyenne d’hospitalisation de 1,35jours, 80 % de gravité moyenne et 20 % de gravité forte pour le syndrome sudorien avec une durée moyenne d’hospitalisation de 1,93jours, 85 % de gravité moyenne et 15 % de gravité forte avec une durée moyenne d’hospitalisation de 1,64jours pour le syndrome panthérinien. La majorité des cas d’intoxications ont fait suite à une confusion dans l’identification des champignons par les patients ou leur entourage. Seuls les cas de syndrome narcotinien et quelques cas de recherche de champignons du genre Amanita avaient pour origine un but récréatif.
Concernant plus spécifiquement les cas de gravités fortes et les décès, l’âge moyen des patients était de 68 ans (écart type 13,52 ; min 39, max 91 ans), seuls 31 % des patients avaient des antécédents notables, la prise en charge (PEC) a été précoce dans 94 % des cas (15 cas sur 16) avec une moyenne de PEC hospitalière de 5heures après l’ingestion des champignons (en excluant la PEC tardive de 4jours) ; seule la quantité supposée ingérée n’a pas pu être appréciée (donnée suggestive ou manquante).
Conclusion |
Les syndromes mycotoxiques de latence courte, de réputation d’être de pronostic favorable, sont souvent banalisés. Cette étude permet de mettre en évidence qu’ils peuvent être potentiellement graves voire fatals. Ils sont en effet responsables de la moitié des hospitalisations, d’un cinquième des cas de mise en jeu du pronostic vital et d’un quart des décès. Ce travail servira d’étape préliminaire pour l’étude nationale des cas d’intoxications par champignon de latence courte dans le cadre de la veille nationale sanitaire coordonnée par l’ANSES et l’ensemble des CAP afin d’assurer une prévention et une prise en charge optimale des patients en alertant et sensibilisant les professionnels de santé sur la dangerosité potentielle des syndromes mycotoxiques de latence courte.
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Vol 33 - N° 3S
P. S52 - septembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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