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Brûlure grave par exposition cutanée à une colle cyanoacrylate pour faux ongles - 20/09/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2021.06.072 
Cedric Bourzeix 1, , Eric Bayle 1, Laetitia Goffinet 2, Sorin-Adrian Adetu 2, Christine Tournoud 1, Emmanuel Puskarczyk 1
1 Centre Antipoison et de Toxicovigilance Est, CHRU Nancy, Nancy, France 
2 Chirurgie Infantile Orthopédique, Centre Interrégional de Traitement des Brûlés Enfants, CHRU Nancy, Nancy, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectifs

Présenter et discuter le cas accidentel grave d’une exposition cutanée à une colle à base de cyanoacrylate pour faux ongles.

Méthode

Cas clinique Une petite fille de 20 mois se renverse une colle cyanoacrylate pour faux ongle sur le poignet et la main droite, entraînant un décollement rapide de l’épiderme. Les photos reçues lors de la téléconsultation au centre antipoison montrent une brûlure du 2e degré profond au niveau du bord latéral du poignet et de la face palmaire de la main droite : l’enfant est adressée au service d’accueil des urgences de proximité. Un avis au centre référent des brûlés est demandé dans l’attente de la consultation spécialisée. Celle-ci n’interviendra que dix jours plus tard, les parents n’ayant pas honoré leur rendez-vous. Au final, la prise en charge chirurgicale consistera en une escarrectomie et une greffe cutanée d’évolution secondairement favorable.

L’interrogatoire initial du père permettait de recueillir un élément important : la colle s’était renversée à travers un T-Shirt en coton à manche longue sur le poignet et la main et non directement sur la peau. Par ailleurs, aucune manœuvre mécanique pour enlever les résidus de colle n’a été tentée.

Résultats/Discussion

L’application de faux ongles est de plus en plus répandue, y compris à domicile. Ceci entraîne la mise à disposition du grand public de flacons de contenance significative de colle cyanoacrylate. Le produit utilisé par la fillette se compose de 2-cyanoacrylate d’éthyle (C6H7NO2) un des monomères les plus courants de ce type de colle. Chimiquement, le collage s’opère par une réaction de polymérisation anionique, en présence d’un radical nucléophile : généralement, les ions OH- de l’humidité de l’air [1]. Cette réaction est exothermique mais sa cinétique usuelle permet la maîtrise de l’élévation de la température induite. En présence des fibres de cellulose du coton, la réaction s’emballe : les radicaux OH-, très accessibles et présents en très grand nombre, induisent une réaction violente. La conversion presque instantanée de l’énergie chimique de liaison en chaleur entraîne une température très élevée et la brûlure thermique immédiate de la peau en contact. La vitesse de polymérisation et l’extension de la surface de contact cutanée par capillarité sont majorées par la contenance relativement importante des flacons et la faible viscosité des colles pour faux ongles.

Selon la réglementation harmonisée Européenne, les colles cyanoacrylates sont classées comme irritant oculaire et cutané de catégorie 2. En usage cosmétique, la mention de la présence de cyanoacrylate est obligatoire sur l’étiquette, ce qui n’est pas le cas des mentions de danger. La plupart des expositions cutanées isolées sont sans gravité, en dehors des rares enjeux mécaniques et des rares effets irritants et allergisants. À l’inverse, le contact à travers un textile (coton, laine…) majore considérablement le risque clinique, tel que décrit dans notre observation et dans l’étude rétrospective de Brambilla [2].

Conclusion

Le risque de brûlure thermique par ces colles en présence d’un tissu mérite d’être connu par les professionnels de santé. La mention des dangers sur l’étiquetage trouverait sa place dans une stratégie de prévention, notamment à l’adresse du grand public.

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Plan


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Vol 33 - N° 3S

P. S53 - septembre 2021 Retour au numéro
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