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Exposition accidentelle à l’ammoniaque par voie orale ou buccale dans un contexte de toxicomanie : étude rétrospective des cas rapportés aux Centres Antipoison en France (2009-2018) - 20/09/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2021.06.082 
Aurore Czerwiec 1, , Cécile Chevallier 2, Guillaume Grenet 1, Anne-Marie Patat 1, Sander De Souza 1, Jeanne Lichtfouse 1, Jacques Manel 3,

Group French PCC Research4

Alexandra Boucher 2, Nathalie Paret 1
1 Centre antipoison de Lyon, SHUPT, Hospices Civils de Lyon, Lyon, France 
2 Centre d’Addictovigilance de Lyon, Hospices Civils de Lyon, Lyon, France 
3 Centre antipoison du Grand Est, CHRU de Nancy, Nancy, France 
4 CAP français, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectifs

Une hausse du nombre d’appels reçus au Centre Antipoison et de Toxicovigilance (CAP-TV) de Lyon pour des intoxications impliquant l’ammoniaque, utilisée par les usagers de drogue pour synthétiser de la cocaïne freebase à partir de chlorhydrate de cocaïne, a été suspectée. Notre objectif était de vérifier cette hypothèse et de décrire les caractéristiques des expositions accidentelles à l’ammoniaque par voies orale et buccale dans un contexte de toxicomanie.

Méthode

Les cas d’exposition à l’ammoniaque (concentration >10 %) par voies orale et buccale survenant entre le 01/01/2009 et le 31/12/2018 ont été extraits de la Base Nationale des CAP-TV. Les cas d’expositions volontaires et les actes de malveillances ont été exclus. La gravité des cas (codée selon le Poison Severity Score), la voie et la circonstance d’exposition ont été systématiquement revues. La description portait sur les cas d’expositions dans un contexte de toxicomanie avéré (d’après le commentaire du narratif). L’augmentation du nombre de cas a été étudiée par régression, la gravité des cas dans un contexte de toxicomanie a été comparée à la gravité des autres cas inclus (cas contrôle) par un test de Cochran-Armitage. L’objectif secondaire était de quantifier dans le groupe contrôle, les cas pour lesquels un contexte de toxicomanie pouvait être suspecté par la présence d’au moins 4 critères parmi : âge entre 21 et 39 ans, sexe masculin, déconditionnement, heure d’exposition entre 20h et 7h59, contexte festif, exposition concomitante à des substances psychoactives, coopération limitée.

Résultats

Sur 1576 cas extraits, 1238 ont été inclus, dont 975 cas contrôle et 263 cas avec un contexte de toxicomanie avéré. Dans un contexte de toxicomanie, il s’agissait très majoritairement d’hommes (76 %) et d’adultes jeunes (20-49 ans) (95 %). Les déconditionnements étaient fréquents (89 %), majoritairement dans des bouteilles d’eau, d’alcool ou flacon de méthadone. Un usage concomitant de substances psychoactives était mentionné dans 25 % des cas (principalement alcool, cocaïne, cannabis). L’utilisation d’ammoniaque pour baser la cocaïne était explicite dans 20 % des cas. La personne exposée était majoritairement l’utilisateur (83 %). Le nombre de cas d’intoxication par de l’ammoniaque dans un contexte de toxicomanie entre 2009 et 2018 a augmenté (p<0,05) mais n’était pas significatif lorsqu’il était ajusté sur les cas contrôle. La gravité de ces intoxications était modérée (PSS2) ou sévère (PSS3) dans respectivement 33 % et 15 % des cas. Aucun décès n’a été rapporté. La gravité des cas s’expliquait surtout par la présence de lésions caustiques oro-pharyngées ou gastriques. Des atteintes respiratoires ont également été décrites. Une consultation médicale a été réalisée dans 91 % des cas, dont 55 % dans les 2heures, 7 % après 10heures. Une majorité de patient a consulté à l’hôpital (87 %), dont 90 % aux urgences et 5 % admis en réanimation. La gravité globale des intoxications lors d’un contexte de toxicomanie avéré était significativement plus importante que celle du groupe contrôle (p<0,001). L’application des critères évoquant un contexte de toxicomanie aux cas contrôle a permis de suspecter ce contexte pour 239 cas (25 %).

Conclusion

Cette étude n’a pas montré d’augmentation significative du nombre d’appels reçus par les CAP-TV pour des intoxications par de l’ammoniaque chez des patients toxicomanes. Cependant, leur gravité est plus importante que lors d’expositions accidentelles sans contexte de toxicomanie. Notre étude présente cependant des limites, du fait de son caractère rétrospectif et de l’absence de validation antérieure des critères d’identification des cas de toxicomanie suspectée. Cependant, ces critères pourraient permettre de mieux identifier les patients à risques et de les orienter vers une prise en charge addictologique (CSAPA, ELSA). Des actions de prévention sont encore nécessaires pour sensibiliser les professionnels de santé et les usagers de drogue à cette problématique probablement sous-estimée.

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Vol 33 - N° 3S

P. S59 - septembre 2021 Retour au numéro
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