Les antagonistes de la vitamine K (AVK) représentent la première classe pharmacologique en termes de iatrogénie médicamenteuse en partie due à la difficulté de maintenir le patient dans sa fourchette thérapeutique. Le risque d’hémorragie augmente considérablement lorsque l’INR est≥5. L’objectif principal de ce travail a été d’évaluer la faisabilité de l’exploitation des données médicales informatisées sur la problématique du surdosage en AVK en milieu hospitalier tous services confondus.

Ce travail descriptif monocentrique a interrogé la base numérique d’un hôpital parisien sur 21 275 dosages d’INR réalisés entre janvier 2013 et octobre 2018 (6813 séjours), chez les patients hospitalisés. Un premier travail a consisté à extraire de manière informatisée les INR≥5 à j2 de l’hospitalisation afin d’étudier la prévalence du surdosage en AVK. Une analyse manuelle des dossiers a par la suite étudié la conformité de la prise en charge du surdosage selon les recommandations de la HAS.

Un surdosage en AVK avec un INR≥5 à j2 a été retrouvé au cours de 350 (6 %) séjours hospitaliers (331 patients). L’âge moyen de cette population de patients était de 85 ans et 57 % étaient des femmes ; 23 (7 %) patients ont présenté une complication hémorragique, dont 11 étaient des complications hémorragiques graves prises en charge médicalement. Quinze décès intra hospitaliers (4 %) ont été rapportés sans permettre de faire un lien avec le surdosage. L’infection et la décompensation cardiaque étaient les motifs d’hospitalisation les plus fréquemment retrouvés. La prise en charge du surdosage en AVK n’était pas conforme aux recommandations dans 42 % des cas. L’analyse informatisée a par la suite étudié les caractéristiques cliniques/biologiques/comorbidités associées (PMSI)/prescriptions médicamenteuses selon l’existence ou non d’un surdosage au cours des 6813 séjours permettant d’identifier les facteurs de risque associés.

L’étude informatisée de ces données médicales permet d’identifier des profils de patients à risque de surdosage au cours de leur prise en charge hospitalière. Une amélioration de la pharmacovigilance en est attendue. L’exploitation de ces données informatisées sur la problématique du surdosage en AVK en milieu hospitalier servira à terme à proposer des outils d’aide pour une prise en charge personnalisée des patients, comme par exemple la création de système d’alerte lors de la prescription informatisée.