L’espérance de vie des sujets vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (HIV) est aujourd’hui comparable à celle de la population générale. De même, les pathologies chroniques deviennent de plus en plus fréquentes. Des études in vitro, ont montré que l’HIV a un effet délétère direct sur la paroi artérielle, entraînant une inflammation et une athérosclérose. Pour autant, la relation directe entre les stades cliniques de l’infection HIV et la maladie artérielle périphérique demeure controversée, l’effet pro athérogène étant attribué au traitement rétroviral. Aucune étude n’a évalué à la fois la prévalence de la maladie artérielle des membres inférieurs (AOMI) chez les sujets atteints du HIV et l’influence de la gravité du HIV sur l’AOMI.

Une étude transversale a été menée auprès de 300 sujets, âgés de 40 ans ou plus, infectés par le HIV, dans quatre centres de traitement à Bujumbura, Burundi. L’AOMI a été définie par un index de pression systolique≤0,9.

La prévalence de l’AOMI était de 17,3 % (IC 95 %: 13,2–22,1) tandis que seulement 0,66 % étaient symptomatiques. L’âge moyen était de 49,6±7,1 ans. Lors de l’analyse multivariée, les facteurs associés à l’AOMI étaient l’hypertension (OR : 2,42 ; IC : 1,10–5,80) et le stade IV de l’infection HIV (OC : 4,92 ; IC : 1,19–20,36).

Notre étude est la première réalisée sur une grande population HIV en Afrique, signalant une prévalence élevée de l’AOMI chez les sujets infectés. Les résultats soulignent l’influence de l’infection à HIV sur l’athérosclérose périphérique aux derniers stades cliniques au-delà du traitement rétroviral en cours et mettent en avant la nécessité d’un dépistage de l’AOMI chez les patients infectés par le HIV.