Le présent article propose une analyse des formes contemporaines de la propagande à la lumière de la clinique du travail. Native de l’exercice de la démocratie, la propagande s’étend du capitalisme au néolibéralisme actuel. L’objectif est de comprendre les effets de la propagande à la lumière du chaînon intermédiaire de la souffrance. Il s’agit d’analyser la manière dont la propagande et ses déclinaisons spécifiques au sein des organisations du travail participent à la fabrique d’un imaginaire social, diffusé par les techniques de communication d’entreprise, et comment cet imaginaire social affecte en retour la vie psychique des sujets.

Cette discussion est menée à partir de la méthode clinique de la psychodynamique du travail, discipline construite dans un dialogue interdisciplinaire entre les sciences du travail et la psychanalyse. L’exposé d’éléments cliniques tirés du travail de consultation en psychopathologie du travail permet de mettre en visibilité les incidences psychiques de la communication d’entreprise et des techniques d’influence d’une part, de mener une investigation des conséquences psychopathologiques des nouvelles organisations néolibérales du travail d’autre part.

Les résultats mettent en évidence que les productions de l’imaginaire social procèdent du rétrécissement des espaces ouverts à la sublimation, mais aussi que les stratégies défensives pour lutter contre la souffrance contribuent à réduire le travail de pensée.

Ces effets sont rendus possibles par le recours aux contenus idéologiques dominants et contribuent à l’adhésion et à la soumission aux « compétences managériales » ainsi qu’à la distorsion communicationnelle.

This article offers an analysis of contemporary forms of propaganda in the light of the clinical approach of work. Native to the exercise of democracy, propaganda ranges from capitalism to present-day neoliberalism. The aim of this article is to understand the effects of propaganda in the light of suffering at work. The authors analyze the way in which propaganda and its specific variations within contemporary work organizations participate of a social imaginary, disseminated by company communication techniques, and how this social imaginary in return affects the psychic life of the subjects.

This discussion is based on the clinical method of the psychodynamics of work; a discipline built in an interdisciplinary dialogue between the labor sciences and psychoanalysis. The presentation of clinical elements drawn from a consultation of psychopathology of work puts in visibility the psychic incidences of the communication of company and of the techniques of influence on the one hand, to carry out an investigation of the psychopathological consequences of the neoliberal labor organizations.

The results show that the productions of the social imaginary proceed from the narrowing of spaces open to sublimation, but also that the defensive strategies to fight against suffering help to reduce the work of thought.

These effects are made possible by the recourse to dominant ideological contents and contribute to adhesion and submission to “managerial skills” as well as communicational distortion.