Signature moléculaire de la cellulite à éosinophiles et intérêt du traitement par baricitinib - 20/11/21
Résumé |
Introduction |
La cellulite éosinophile (CE) est une affection cutanée rare caractérisée par des plaques urticariennes prurigineuses fixes et un infiltrat inflammatoire dermique polymorphe incluant de nombreux polynucléaires éosinophiles (PNEo). Les mécanismes physiopathologiques de la CE restent mal connus : le paradigme actuel supporte l’hypothèse d’une hypersensibilité de type retardé médiée par l’interleukine (IL) 5. Les traitements standards reposent essentiellement sur des immunomodulateurs (ie corticostéroïdes, dapsone, ciclosporine) mais de nombreux patients restent résistants sans solution thérapeutique précise. Le but de cette étude était de mieux caractériser les voies inflammatoires impliquées dans la CE.
Matériel et méthodes |
Nous avons analysé rétrospectivement des échantillons de peau provenant de 12 patients atteints de CE et de 5 témoins sains, en utilisant la RT-qPCR et l’immunomarquage phospho-STAT (pSTAT). Nous avons ensuite exploré la réponse clinique et moléculaire d’un patient réfractaire traité avec le nouvel inhibiteur de JAK1/JAK2, le baricitinib.
Résultats |
Nous avons observé une augmentation significative des transcriptions d’ARNm liées à des marqueurs spécifiques de l’inflammation de type 2 (IL-13 et IL-3R, mais pas IL-5) et du recrutement des éosinophiles (CCL17, CCL18 et CCL26) dans la peau lésionnelle des patients atteints de CE comparativement aux témoins. Nous avons également observé que presque tous les échantillons de CE étaient fortement positifs pour pSTAT-5 et, à un moindre degré, pour pSTAT-1. En comparaison, la coloration de pSTAT-3 était négative. Comme les pSTAT-1 et -5 sont classiquement associées à l’activation de JAK1/2, nous avons ensuite traité un patient EC réfractaire (échec corticostéroïdes, dapsone, ciclosporine et lésions actives depuis plus de 3 ans) avec du baricitinib à 4mg/jour. Après 1 mois de traitement le patient était totalement blanchi et sans récidive à ce jour. De façon concomitante, les marqueurs d’inflammation de type 2, notamment IL-13, IL-3, CCL17, CCL18 et CCL26 ont été complètement normalisés dans la peau guérie après le traitement par baricitinib.
Discussion |
Nos résultats suggèrent que la CE est liée à une inflammation cutanée de type 2 avec une activation essentiellement de la voie pSTAT5 et une élévation importante des IL13 et IL3, mais pas de l’IL5. Le rétrocontrôle négatif de l’IL3, classiquement produite par les PNEo, sur la production d’IL5 et de son récepteur, pourrait expliquer ce résultat. Enfin, ces résultats suggèrent l’efficacité des traitements ciblant spécifiquement l’inflammation de type 2 dans cette pathologie et ces traitements pourraient présenter un intérêt majeur dans formes réfractaires.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Cellulite de Wells, Éosinophiles, Immunopathologie, Inhibiteurs de Janus kinases
Plan
Vol 1 - N° 8S1
P. A142 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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