Le chemsex (chemical sex, CS) est une pratique de plus en plus décrite chez les homosexuels masculins (HSH) consistant à utiliser des produits psychostimulants comme l’alpha-pyrrolidinovalérophénone (α-PVP) dans le but de prolonger ou d’augmenter le plaisir sexuel. Nous rapportons un cas d’ischémie distale du territoire de l’artère ulnaire, secondaire à une injection d’α-PVP au cours d’une pratique de CS.

Un HSH de 34 ans, suivi pour syndrome dépressif et addiction aux psychostimulants, consultait pour l’apparition d’une lésion bullo-nécrotique superficielle du poignet gauche, avec œdème et livedo purpurique douloureux non infiltré des 4^e et 5^e doigts de la main gauche et de la moitié du 3^e. Il rapportait 3 jours auparavant, lors d’une pratique de CS, une auto-injection intraveineuse (IV) d’α-PVP, diluée avec du sérum physiologique, immédiatement suivie d’une douleur brutale et de paresthésies distales. La biologie standard était normale, sans syndrome inflammatoire. L’échographie doppler ne trouvait pas de flux artériel ulnaire et objectivait un thrombus veineux à proximité.

Un traitement par ilomédine et anticoagulation curative secondaire permettait une disparition rapide des douleurs et une nette diminution du livedo.

Après 4 jours de traitement, les pressions digitales des 5^e et 4^e doigts gauche étaient quasiment normalisées (absence d’ischémie résiduelle), permettant l’arrêt de l’ilomédine.

Plusieurs voies d’administration (per os, intra-nasal, -rectal, IV) et types de psychostimulants (cocaïne, amphétamines, cathinones de synthèse [CTS] principalement) sont utilisés dans le cadre du CS. Outre les risques liés aux molécules et à leur voie administration (addiction, hallucinations, surdosage, infections), s’ajoute un risque accru d’infections sexuellement transmissibles par baisse du niveau de vigilance, et d’induction de situations de viol par désinhibition ou mauvaise perception du consentement des partenaires. L’α-PVP (ou « Flakka ») est une nouvelle cathinone de synthèse, proche des amphétamines, aux puissants effets psychostimulants, impliquée dans un nombre croissant d’intoxications et de décès.

L’ischémie par injection de drogue à destination IV est un mésusage rare et dangereux, jamais rapporté dans des situations de CS. L’ischémie pourrait ici résulter :

– d’une injection intra-artérielle du produit non/mal solubilisé ou précipitant après injection ou pro-thrombogène ;

– de l’induction d’un spasme artériel (effet connu des amphétamines) après injection intra- ou périvasculaire.

La très bonne réponse clinique à l’ilomédine, à la fois puissant vasodilatateur et antiagrégant plaquettaire, ne permet pas d’orienter vers un de ces mécanismes évoqués.