La prise en charge du mélanome métastatique a été marquée par une révolution thérapeutique au cours de cette dernière décennie avec l’avènement des immunothérapies et des thérapies ciblées. Une des limites actuelles est l’envahissement neuro méningé, soldé d’un pronostic effroyable. De plus ces patients sont exclus des essais thérapeutiques. Nous souhaitons décrire les caractéristiques des patients ayant une atteinte leptoméningée et plus précisément les différentes présentations radiologiques de ces atteintes et leur corrélation clinique et pronostique. Y-a-t-il toujours rupture de la barrière hémato encéphalique ?

Étude rétrospective menée à Gustave-Roussy, incluant 62 patients suivis entre 2010 et 2020, ayant une atteinte leptoméningée (LPM). Les caractéristiques cliniques, radiologiques, thérapeutiques de chaque patient ont été relevées. Un radiologue a relu les imageries cérébrales puis classé les différentes atteintes neurologiques.

75 % des patients présentent un mélanome avec mutation BRAF V600. Parmi les 62 patients, 11 ne présentent pas de lésion extra cérébrale et 51 présentent des métastases cérébrales associées à l’atteinte LPM. La survie moyenne entre le diagnostic d’atteinte LPM et le décès est de 4,5 mois. Il ne semble pas y avoir de gain de survie en fonction des différents traitements systémiques. 34 patients ont reçu de la radiothérapie, tous ceux qui n’en ont pas reçu sont décédés à 6 mois. Sur le plan radiologique plusieurs types d’atteintes sont décrites : 30 patients ont une atteinte LPM certaine (1) (réhaussement des paires crâniennes et du cul de sac dural), 20 patients ont une atteinte corticale (2) (réhaussement du sillon cortical), 4 patients ont ces deux formes associées, 7 patients ont une dilatation ventriculaire (3), 4 patients ont une atteinte isolée de la dure mère. À 3 mois, 77 % des patients du groupe 1 sont décédés versus 25 % patients du groupe 2 versus 85 % du groupe 3.

Le terme d’envahissement leptoméningé regroupe actuellement plusieurs atteintes distinctes en terme de présentation radiologique et de pronostic. Il semble que les formes corticales soient assimilables aux formes métastatiques cérébrales avec rupture de la BHE. Elles semblent potentiellement plus sensibles aux traitements systémiques et avoir un bien meilleur pronostic que les vraies formes LPM d’évolution rapidement fatale et réfractaires à tout traitement. Dans ces dernières, il semble intéressant d’évaluer des traitements (thérapies ciblées ou immunothérapies) administrés par voie intrathécale.

Nos résultats incitent à un reclassement nosologique des atteintes dites leptoméningées au cours du mélanome.