Le pronostic du mélanome métastatique s’est considérablement amélioré ces dernières années grâce aux avancées dans le domaine de l’immunothérapie. L’apparition de lésions à type de vitiligo au cours du traitement par anticorps anti-PD-1 semble associée à une meilleure réponse thérapeutique. Ces lésions s’avèrent être différentes de celles classiquement décrites dans le cadre du vitiligo, cependant les facteurs associés à son développement n’ont jamais été étudiés en détail ni corrélés à la réponse antitumorale.

Décrire les caractéristiques démographiques et cliniques associées à l’apparition d’un vitiligo survenant chez des patients atteints de mélanome avancé traités par anti-PD-1 et évaluer leur corrélation à la réponse antitumorale.

Étude monocentrique ambispective, incluant tous les patients atteints de mélanome stade III inopérable ou stade IV recevant un traitement par anti-PD-1.

Une population de 457 patients traités par anti-PD-1 pour un mélanome ont été inclus d’avril 2014 à décembre 2019. Parmi eux, 85 ont développé un vitiligo (18,6 %). Le délai médian de survenue du vitiligo après le début du traitement par anti-PD-1 était de 6,9 mois [1,0-35,5]. La disposition photodistribuée des lésions de vitiligo était retrouvée chez 84,7 % des patients. La présence d’une leucotrichie ou de halo-métastases était trouvée chez 34 % (n=29) et 12 % (n=10) des patients respectivement, avec dans ces sous-groupes un taux de mortalité de 10,3 % (n=3) et de 0 % (aucun patient décédé) respectivement. En analyse multivariée, le sexe masculin était associé de manière significative à la survenue d’un vitiligo (OR 1,66 [1,00-2,78]). Au contraire, la présence de métastases pulmonaires était un facteur protecteur de survenue d’un vitiligo sous anti-PD-1 (OR 0,50 [0,3-0,8]). Une amélioration significative de la survie globale et de la survie sans progression était observée dans le groupe de patients présentant un vitiligo comparativement au groupe sans vitiligo (p<0,0001). De même, une réponse objective au traitement était associée à la survenue d’un vitiligo 46/83 (55,4 %) versus 66/356 (18,5 %) ; p<0,0001.

Le genre masculin est associé à la survenue d’un vitiligo alors que les métastases pulmonaires apparaissent être un facteur protecteur de la survenue d’un vitiligo. La présence d’une leucotrichie ou de halo-métastases pourrait être associée à une meilleure survie chez les patients développant un vitiligo sous anti-PD-1. Ces données nécessitent d’être prise en compte comme piste de réflexion pour des études physiopathologiques. Notre cohorte confirme que le vitiligo survenant sous anti-PD-1 est un signe clinique associé à une meilleure réponse antitumorale, témoignant d’une immunité anti-mélanocytaire.