Complication hémorragique après chirurgie dermatologique chez deux patients traités par ruxolitinib - 20/11/21
Résumé |
Introduction |
L’hémorragie est une des principales complications de la chirurgie dermatologique, la prise d’antiagrégants et anticoagulants est systématiquement cherchée avant la chirurgie. Mais ce ne sont pas les seuls traitements à risque de saignement. Nous rapportons ici deux cas de complications hémorragiques après chirurgie dermatologique sous ruxolitinib.
Matériel et méthodes |
Cas 1 : Un patient de 66 ans bénéficiait d’une exérèse chirurgicale d’un carcinome épidermoïde de la conque de l’oreille avec greffe de peau totale pré-auriculaire. Il prenait du ruxolitinib depuis 8 mois et de l’azacitidine pour une maladie de Vaquez entraînant une thrombopénie à 47 G/L. Un hématome de la zone donneuse s’est constitué lors de l’anesthésie locale attribué à la thrombopénie. Aucun saignement anormal n’était constaté lors de l’exérèse de la lésion emportant le cartilage et de la greffe. Il a présenté des saignements à chaque réfection de pansement au niveau de la conque de l’oreille. Ceux-ci étaient peu abondants mais se sont prolongés sur 7jours. Le ruxolitinib n’avait pas été suspendu.
Cas 2 : Un patient de 80 ans bénéficiait d’une exérèse chirurgicale d’un carcinome basocellulaire du dorsum nasal avec fermeture directe. Il était sous ruxolitinib depuis 3 ans pour une maladie de Vaquez et acide acétylsalicylique. Un saignement peropératoire abondant a été attribué à une hypertension artérielle à 190/110mmHg en l’absence de thrombopénie. Il a présenté un saignement non abondant mais continu depuis le geste nécessitant une nouvelle hémostase dès le lendemain. Le traitement par ruxolitinib a été suspendu jusqu’à l’arrêt du saignement.
Discussion |
Des complications hémorragiques post-chirurgie dermatologique ont été rapportées sous ibrutinib, un inhibiteur oral sélectif de la tyrosine kinase de Bruton. Le ruxolitinib est également un inhibiteur oral sélectif de tyrosine kinase ciblant les Janus kinases 1 et 2. Il peut induire une thrombopénie à l’origine de saignements. De plus, une étude récente a montré qu’il a des effets inhibiteurs sur la fonction plaquettaire in vitro en réduisant l’adhésion plaquettaire au collagène et l’agrégation plaquettaire. Comme l’ibrutinib, le ruxolitinib joue un rôle dans l’activation plaquettaire via la Glycoprotéine VI. Ces deux cas illustrent l’importance de l’interrogatoire pré-chirurgical afin de rechercher tout traitement pouvant prédisposer à une complication hémorragique. Ces hémorragies étaient probablement multifactorielles ; thrombopathies acquises dans le cadre de syndromes myéloprolifératifs possiblement aggravées par la prise de ruxolitinib. Lors d’une chirurgie à faible risque hémorragique, il est préconisé d’arrêter l’Ibrutinib 3jours avant et 3jours après le geste mais il n’y a pas de recommandation pour le ruxolitinib. Les mécanismes d’action de ces molécules étant très proches, la même vigilance pourrait s’appliquer.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Chirurgie dermatologique, Hémorragie, Inhibiteur de tyrosine kinase, Ruxolitinib
Plan
Vol 1 - N° 8S1
P. A198 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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