La majorité des cancers cutanés siègent sur le visage et l’acte chirurgical peut être un événement difficile à traverser pour le patient. Peu d’études explorent ce vécu et l’évolution de l’anxiété au cours et décours de l’acte. Nos objectifs étaient d’évaluer chez des patients opérés de cancers cutanés du visage, le niveau d’anxiété dynamique ; d’évaluer l’impact sur la qualité de vie et la satisfaction esthétique et de distinguer les éléments d’anxiété liés à la chirurgie de ceux liés au diagnostic de cancer.

Étude mono-centrique hospitalière proposée à tous les patients se présentant pour exérèse chirurgicale de CBC ou CE ou d’un mélanome de Dubreuilh. Des autoquestionnaires étaient remis à Cs (consultation d’annonce), J0 (jour de la chirurgie), J10 (ablation des points) et M3 (3 mois post-chirurgie) : question libre, STAI/E, EVA anxiété, Face Q Skin Cancer, DLQI, POSAS.

Les résultats préliminaires sont présentés dans le tableau 1 (98 patients inclus, 40 encore en cours de suivi). À Cs, le niveau d’anxiété général était faible, puis augmentait de manière significative à J0 pour atteindre un niveau modéré (p>0,0012) puis reprenait à J10 un niveau faible. Les facteurs associés initialement à l’anxiété étaient les localisations tempe et joue, l’âge≤70 ans, le sexe féminin. À J0, la réalisation de la chirurgie en externe était associée à une anxiété plus élevée. A J10, on observe une association significative entre une anxiété plus élevée (STAI/E) et une mauvaise satisfaction esthétique (coefficient de corrélation Face Q Partie 4 : −0.522 ; p<0,001). Cette association est toujours significative à M3, même si le niveau moyen d’anxiété est très faible. Les réponses à la question libre montraient que les patients les moins anxieux se déclaraient rassurés alors que les plus anxieux s’interrogeaient sur l’avenir. Enfin, l’anxiété liée au cancer était stable au cours de la prise en charge.

Cette étude est la première à évaluer le vécu dynamique des patients en dermatologie chirurgicale. L’anxiété augmente le jour de la chirurgie puis diminue progressivement, avec en cas de persistance un lien avec l’insatisfaction cicatricielle. Le diagnostic de cancer semble avoir peu d’impact sur l’anxiété. Pendant les premières données de suivi, la satisfaction esthétique est moyenne et la satisfaction cicatricielle est bonne. L’hospitalisation, même en ambulatoire, est associée à une diminution significative l’anxiété des patients. La réduction du niveau d’anxiété des patients pourrait passer par la mise en place d’un circuit dédié à la chirurgie (pour ceux ne justifiant pas d’une hospitalisation), le renforcement de l’information et la remise d’un questionnaire simple lors de la consultation d’annonce pour identifier les patients à plus haut niveau d’anxiété, ce qui pourrait consister en un critère d’hospitalisation.