L’urticaire neutrophilique (UN) demeure une entité controversée sur son appartenance ou non à l’urticaire chronique spontanée (UCS). Il n’existe à ce jour aucun consensus quant à sa définition clinique/histologique. L’objectif de l’étude était de comparer les données cliniques, biologiques, histologiques et la réponse thérapeutique entre UN et UCS.

Il s’agissait d’une étude rétrospective observationnelle incluant les patients ayant une éruption urticarienne chronique et une biopsie cutanée entre janvier 2017 et octobre 2018. Les principaux diagnostics différentiels étaient exclus (syndrome de Wells, vascularite urticarienne…). L’UN était définie par un infiltrat inflammatoire composé de plus de 60 % de polynucléaires neutrophiles (PNN) sans leucocytoclasie ni vascularite. L’UCS était définie par un infiltrat de plus de 60 % de polynucléaires éosinophiles (PNE). Chaque biopsie était lue, en aveugle, par deux anatomopathologistes. Un compte cytologique des polynucléaires a été effectué au grossissement 400 grâce à un compteur manuel.

44 patients étaient inclus et classés UN (n=28) ou UCS (n=16). Les deux groupes étaient comparables en dehors d’un âge médian plus élevé pour le groupe UN (57 vs 44, p=0,02). Aucune caractéristique clinique ou biologique (en dehors d’une élévation de la vitesse de sédimentation, p=0,03) n’était significativement associée à l’UN. La colchicine semblait être plus efficace dans l’UN : efficacité dans 42,8 % des cas (12/20 patients traités) dans le groupe UN, versus 6,2 % dans le groupe UCS (1/5 patients traités). Deux critères histologiques étaient significativement associés à l’UN : la veinulite neutrophilique (p=0,04) caractérisée par une agrégation intrapariétale de PNN, et la flammèche basophile (p=0,04) correspondant à la dégranulation interstitielle du cytoplasme des PNN.

Certaines images histologiques spécifiques étaient significativement associées à un infiltrat neutrophilique intense : veinulite neutrophilique et flammèche basophile, corroborant l’hypothèse d’une entité nosologique distincte. L’UN étant mal définie, nous avons tenté d’établir des critères histologiques quantitatifs, stricts et objectifs à travers un score histologique standardisé permettant la classification des éruptions urticariennes en UN et UCS. Il permet de classer correctement 40 des 44 patients de notre étude, en accord avec la littérature. Les patients du groupe UN semblent avoir un profil de réponse thérapeutique à la Colchicine différent, connu pour limiter le chimiotactisme des PNN. Les limites de notre étude sont le caractère rétrospectif, l’absence de biopsie systématique de toute UCS et l’absence de critères diagnostiques établis. Ce nouveau score permettrait un diagnostic histologique reproductible d’UN et ainsi l’extraction de données fiables. Il serait pertinent d’effectuer une étude prospective pour validation.