Les maladies inflammatoires peuvent affecter la fertilité et compliquer la grossesse. L’objectif était d’estimer, chez les femmes atteintes de psoriasis, le taux d’hypofertilité et de complications obstétricales et d’identifier les facteurs associés à ces complications.

Cette étude de cohorte rétrospective analytique a inclus des femmes atteintes de psoriasis, âgées de plus de 18 ans, qui avaient consulté dans notre service entre 2015 et 2019, et exclu celles qui n’avaient jamais planifié de grossesse. Les caractéristiques des patientes, les caractéristiques de la maladie, le profil de fertilité et les complications de la grossesse ont été recueillis par examen du dossier et appel téléphonique ou entretien lors d’une consultation.

Ont été incluses 76 patientes avec un total de 240 grossesses. L’âge moyen au début du psoriasis était de 33 (±22) ans. Les deux tiers avaient un psoriasis en plaques et 22,3 % avaient un rhumatisme psoriasique. L’âge moyen au premier projet de grossesse était de 25 (±7) ans. Dix patientes (13,1 %) avaient un trouble de fertilité inexpliqué, lié à la femme et significativement associé à la sévérité du psoriasis (p=0,049). Sur les 240 grossesses incluses, 186 (77,5 %) avaient mené à une naissance, dont 22 (11,8 %) avaient présenté des complications maternelles (pré-éclampsie, dystocie de démarrage, menace d’accouchement prématuré, placenta prævia, diabète gestationnel), significativement associées au rhumatisme psoriasique (p=0,043) et à un âge plus élevé au premier projet de grossesse (p=0,038), et 8 (4,3 %) avaient présenté des complications fœtales (mort-né, prématurité, tachycardie périnatale) corrélées à la dépression (p=0,038), les maladies cardiovasculaires (p=0,017) et le psoriasis incontrôlé (p=0,003). Les grossesses compliquées avaient eu plus de césarienne que celles sans complications (p=0,001).

Le taux de patientes présentant un trouble de fertilité inexpliqué est bien supérieur à celui d’infertilité primaire chez les femmes du Moyen-Orient, estimé à 2–3 %. Le milieu inflammatoire pourrait expliquer la corrélation entre troubles de la fertilité et gravité du psoriasis. Selon le registre espagnol de psoriasis, le taux de fécondité chez les femmes en âge de procréer atteintes de psoriasis modéré à sévère est inférieur de moitié à celui de la population espagnole (16,3 contre 38,6 pour 1000 femmes-années). Le pourcentage de complications maternelles et fœtales était aussi élevé dans notre série que dans les études populationnelles. Zbinden et al. ont montré dans la polyarthrite rhumatoïde et la spondyloarthrite axiale, qu’une activité accrue de la maladie était un facteur de risque de complications obstétricales. En conclusion, cette étude laisse penser que, chez les femmes atteintes de psoriasis, la fertilité et la grossesse peuvent être affectées par la gravité de la maladie ou les comorbidités.