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Prévalence et implication clinique d’un test QuantiFERON positif dans une cohorte d’uvéites sarcoïdosiques - 24/11/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.10.231 
E. Garneret 1, , Y. Jamilloux 2, M. Gerfaud-Valentin 2, L. Kodjikian 3, S. Trad 4, P. Sève 2
1 Médecine interne, hôpital de la Croix-Rousse - HCL, Lyon 
2 Médecine interne, hôpital de la Croix-Rousse, Lyon 
3 Ophtalmologie, hôpital de la Croix-Rousse, Lyon 
4 Médecine interne, CHU Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les atteintes ophtalmologiques de la sarcoïdose, au premier rang desquelles les uvéites s’observent dans 25–50 % des cas. L’uvéite tuberculeuse est le principal diagnostic différentiel. Dans les pays de faible endémie tuberculeuse, l’uvéite tuberculeuse est rapportée dans la quasi-totalité des cas à une réponse d’hypersensibilité de type 4. Le QuantiFERON Test (QFT) a un rôle diagnostique de premier plan. Plusieurs études fondamentales ont montré que les antigènes mycobactériens pourraient intervenir dans la pathogénie de certains cas de sarcoïdose [1].

Patients et méthodes

Nous avons rétrospectivement analysé les dossiers de la Cohorte Lyon Uvéite Sarcoïdosique incluant 299 patients prise en charge pour une uvéite sarcoïdosique entre 2007 et 2020. Les critères d’inclusion étaient un diagnostic d’uvéite sarcoïdosique selon les critères d’Abad modifié [2], la réalisation d’un QFT au diagnostic et une durée de suivi supérieure à un an.

Résultats

Au total, 234 patients répondaient aux critères d’inclusion dont 28/234 (12 %) avaient un QFT positif (médiane 1,67U/mL, IQR [1,04–6,04], extrêmes [0,41–10]).

L’âge moyen au diagnostic des 234 patients était de 52 ans et 67 % des patients étaient de sexe féminin. La majorité des patients étaient d’origine caucasienne (64 %). On observait une majorité de panuvéite (46 %). Les uvéites étaient plus fréquemment chroniques (65 %) et bilatérales (76 %). La sarcoïdose était prouvée histologiquement chez 71 % des patients, présumé dans 23 % des cas et possible dans 6 %.

Quatre-vingt-treize pour cent des patients ont reçu un traitement local et 68 % une corticothérapie systémique, suivi par l’utilisation de méthotrexate chez 26 % des patients et d’autres immunosuppresseurs chez 17 %. Un anti-TNFα n’était prescrit que chez 6 patients dont un seul avait un QFT+. Après un suivi médian de 59 mois (extrêmes 12–168 mois), 57 % avaient une acuité visuelle normale. Une déficience visuelle modérée (acuité de l’œil le plus atteint<20/50) et sévère (acuité de l’œil le plus atteint<20/200) était présente respectivement chez 21 et 11 % des patients. Une inflammation oculaire persistait dans 15 % des cas.

Les patients QFT+ étaient significativement plus âgés (59±16 ans vs 51±18 ans, p=0,025), et présentaient plus de panuvéites (43,7 % vs 34,3 %, p=0,044) et d’uvéites chroniques (82,1 % vs 62,1 %, p=0,037). Par ailleurs, des calcifications pulmonaires ou médiastino-hilaires étaient plus fréquemment observées dans ce groupe (37,0 % vs 16,1 %, p=0,033) et étaient compatible avec des séquelles d’infection tuberculeuse pour 8/10 patients. Les autres caractéristiques n’étaient pas différentes.

Une déficience visuelle modérée et sévère étaient plus fréquentes dans le groupe QFT+ (respectivement 35,7 % vs 18,9 %, p=0,049 et 25,0 % vs 9,2 % p=0,022). L’acuité visuelle de l’œil le plus atteint [IQR], était 0,7 [0,2–1] dans le groupe QFT+ et 1 [0,6–1] dans le groupe QFT−, p=0,044. Un traitement antituberculeux a été prescrit chez 18 patients (bithérapie chez 10 patients et quadrithérapie chez 8 patients). Aucun patient QFT+ n’a répondu à une quadrithérapie antituberculeuse seule.

Discussion

Notre étude est la première à évaluer le QFT au sein d’une large cohorte d’uvéite sarcoidosique ainsi que les caractéristiques des patients avec QFT+. La prévalence d’un QFT+dans notre étude est similaire à celles rapportées dans une cohorte d’uvéites en pays non-endémique pour la tuberculose (92/710 [13 %] dans une série néerlandaise [3]). Dans plusieurs de ces études, la sarcoïdose est l’étiologie la plus fréquente associée à un QFT+. Nos résultats font apparaître une limite des critères de classification de l’uvéite sarcoïdosique récemment proposées par la standardization of uveitis nomenclature (SUN), qui considère un QFT+ comme critère d’exclusion. Tout comme en population générale, un QFT+ est plus fréquent chez les patients plus âgés. Ceci peut rendre compte de la plus grande proportion de panuvéites chroniques et du pronostic visuel moins bon observés pour les patients QFT+ dans notre étude, ce qui rejoint les données connues pour les uvéites sarcoïdosiques chez les patients de plus de 50 ans.

Conclusion

Un peu plus de 10 % des uvéites sarcoïdosiques ont un QFT positif. Ces patients, plus âgés, ont plus fréquemment des formes panuvéitiques chroniques et ont un moins bon pronostic visuel. Un QFT positif ne doit pas faire récuser le diagnostic d’uvéite sarcoidosique devant une présentation ophtalmologique compatible et en présence de données paracliniques en faveur de ce diagnostic.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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