Caractéristiques initiales, corrélations clinico-radiologiques et impact pronostique du scanner thoracique au diagnostic au cours de la granulomatose éosinophilique avec polyangéite - 24/11/21
Résumé |
Introduction |
La granulomatose éosinophilique avec polyangéite (GEPA) est définie par une vascularite systémique, une hyperéosinophilie sanguine et tissulaire, et un asthme tardif qui constitue la principale cause de corticothérapie au long cours. Le scanner thoracique haute résolution a prouvé son intérêt dans l’évaluation initiale et comme outil pronostique au cours de l’asthme allergique. Cependant aucune étude ne s’est intéressée à son intérêt pronostique dans la GEPA. L’objectif de cette étude est de décrire les caractéristiques scanographiques pulmonaires au diagnostic de GEPA, et d’étudier leurs corrélations avec la présentation clinicobiologique et le profil évolutif.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective, observationnelle et multicentrique menée au sein de trois centres hospitaliers français avec inclusion des patients adultes (18 ans ou plus), avec un diagnostic de GEPA selon les critères ACR et/ou de l’étude MIRRA, et ayant bénéficié d’un scanner thoracique haute résolution avant toute corticothérapie par voie orale. Une relecture centralisée des scanners par deux radiologues experts en pathologie thoracique et en aveugle des données cliniques a été réalisée, avec une évaluation semi-quantitative des anomalies.
Résultats |
Quarante-six patients (âge médian 52 [39–62] ans, 52 % d’hommes) ont été inclus. Parmi eux, 38 (82,6 %) avaient un scanner thoracique anormal au diagnostic. Les anomalies scanographiques les plus fréquemment observées étaient un épaississement des parois bronchiques (n=32, 69,6 %), un aspect de perfusion en mosaïque (n=29, 63,0 %), et moins fréquemment des lésions en verre dépoli (n=13, 28,3 %), des impactions mucoïdes (n=9, 19,6 %), des dilatations des bronches (n=8, 17,4 %) et la présence de condensations (n=6, 13,0 %).
Les patients pouvaient être catégorisés en trois groupes distincts selon les anomalies scanographiques prédominantes :
– verre dépoli prédominant (avec ou sans anomalie bronchique) (n=13, 28,3 %) ;
– anomalies bronchiques prédominantes sans verre dépoli (n=19, 41,3 %) ;
– peu ou pas d’anomalie scanographique (n=14, 30,4 %).
Les patients avec infiltrats pulmonaires prédominants (groupe 1) avaient plus fréquemment une atteinte ORL (92,3 % vs 68,4 % et 64,3 % dans les groupes 2 et 3, respectivement). Les patients avec atteinte bronchique prédominante (groupe 2) avaient moins d’atteinte cardiaque (31,6 % vs 46,2 % et 42,9 % dans les groupes 1 et 3, respectivement), plus d’atteinte neurologique (47,4 vs 30,8 % et 28,6 %), plus souvent des ANCA positifs (52,6 % vs 0,0 % et 14,3 %), et une hyperéosinophilie plus importante (7,510 [2,275–12,875] vs 4,000 [2,750–7,600] et 4,250 [2,100–12,983]/mm3).
Cette caractérisation basée sur les anomalies scanographiques initiales était également corrélée au profil évolutif des patients. Les patients avec verre dépoli prédominant (groupe 1) avaient une évolution à un an plus défavorable, avec davantage de corticodépendance définie par une dose de corticoïdes supérieure à 7,5mg/j (58,3 % vs 11,1 % et 28,6 % dans les groupes 2 et 3, respectivement), plus de rechutes que dans le groupe 2 (25,0 % vs 11,1 %), et davantage de recours au mépolizumab (25,0 vs 11,1 et 7,1 %). Inversement, les patients avec des anomalies bronchiques prédominantes avaient un meilleur pronostic, avec un taux de rémission complète ou partielle (définies par l’absence de manifestation clinique avec une corticothérapie<5mg/jour ou entre 5 et 7,5mg/jour, respectivement) à 1 an de 84,2 % vs 36,4 % dans le groupe 1 et 75,0 % dans le groupe 3.
Conclusion |
Le scanner thoracique réalisé au diagnostic initial de GEPA pourrait avoir un impact pronostique, en étudiant plus particulièrement la présence majoritaire d’infiltrats pulmonaires ou d’anomalies bronchiques. Tout comme dans l’asthme allergique, il pourrait permettre d’adapter le suivi et la prise en charge thérapeutique de ces patients.
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Vol 42 - N° S2
P. A287 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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