Impact du profil triple positif dans le syndrome des antiphospholipides, série retrospective de 204 patients - 24/11/21
Résumé |
Introduction |
Le profil triple positif semble être associé à un risque plus important de thrombose, ainsi que de complications obstétricales notamment de pertes fœtales et de retard de croissance intra-utérin. Dans ce contexte, l’objectif de notre étude était d’évaluer l’impact du profil TP au sein d’une cohorte de 204 patients.
Patients et Méthodes |
Les patients inclus avaient eu un dosage d’anticorps antiphospholipides entre janvier 2012 et juin 2019. Les patients remplissant les critères de Sydney avec au moins une complication clinique thrombotique et/ou obstétricale étaient classifiés en SAPL et étaient inclus dans notre analyse.
Résultats |
À partir de la base de données initiale contenant 518 patients, 114 patients ont été exclus, soit pour manque de dosnnées, soit parce que le contrôle des anticorps à 12 semaines étaient négatifs, soit parce qu’ils présentaient une autre cause de thrombophilie. Parmi les patients restants, 200 n’ont jamais présenté d’évènement clinique (ni thrombotique ni obstétrical) et ont donc été exclus. Au final, 204 patients ont été inclus dans notre étude, qui présentaient les critères clinico-biologiques de SAPL (critères de Sydney). Parmi eux, 68 étaient triple positifs (TP et 136 étaient simple ou double positifs (NTP). Sur l’ensemble des patients, 122 (59,8 %) présentaient un SAPL primaire et 82 patients (40,2 %) un SAPL associé. Les maladies auto-immunes les plus fréquentes étaient le lupus systémique (31 %), le syndrome de Goujerot-Sjögren (4,4 %), la sclérodermie systémique (4,4 %), les thyroïdites (3,9 %) et la polyarthrite rhumatoïde (2 %). Il n’existait pas de différence significative entre les patients TP et NTP sur le statut SAPL primaire ou associé. Nous avons analysé les facteurs de risque de rechutes (thrombotiques ou obstétricales) dans notre cohorte de 204 patients. En analyse multivariée, le profil triple positif est associé à un risque de rechute avec un HR à 1,63 (1,04–2,55 p=0,031), ainsi que le SAPL veineux avec un HR à 2,05 (1,30–3,23 p=0,002), et l’antécédent d’accouchement prématuré avec un HR à 2,33 (1,10–4,92 p=0,027). Le profil TP est significativement associé à une moins bonne survie sans rechute. Nous avons ensuit analysé les patients avec un SAPL primaire et comparé les patients primaires TP et primaires NTP. Les patients TP avaient un taux de SAPL obstétrical significativement plus élevé que les patients NTP parmi les SAPL primaires (45,9 % versus 22,4 %, p=0,016), sans différence concernant le taux de SAPL thrombotique. Le taux de complications thrombotiques artérielles et veineuses ne différaient pas entre les deux groupes. Parmi les complications obstétricales, les patientes TP présentaient significativement plus de complications de type pré-éclampsie et HELPP syndrome que les NTP (21,6 % versus 2,4 %, p=0,001), sans différence sur les autres complications obstétricales. Concernant les manifestations non criteria, 33 patients (27 %) ont présenté au moins une de ces manifestations et ce taux était similaire entre les patients TP et NTP. Le taux de PTI était plus élevé chez les patients TP que chez les patients NTP (21,6 % versus 5,9 %, p=0,023). Concernant l’évolution des patients, le taux de rechutes était significativement plus important chez les patients TP que chez les NTP (59,5 % versus 32,9 %, p=0,011). Durant le suivi, 18 patients avec un SAPL primaire sont décédés et ce taux ne différait pas entre les deux groupes. Concernant les traitements reçus, 90 patients (74,4 %) des patients ont reçu une anticoagulation curative à un moment de leur suivi, et les patients TP étaient plus souvent anticoagulés que les NTP (97,1 % versus 65,1 %, p=0,008). 24 patients (21,1 %) ont reçu de l’hydroxychloroquine et ce taux était significativement plus élevé chez les patients TP (42,9 % versus 11,4 %, p=0,001). Sur le plan biologique, le taux d’anticorps antiβ2GP1, d’anti-cardiolipines, et d’anticoagulant circulant lupique était plus élevé chez les patients TP (100 % versus 39 %, 79,3 % et 41 % respectivement, p<0,001). Le taux d’anticorps non conventionnels ne différait pas entre les 2 groupes. Concernant la biologique lupique, un taux positif de FAN était plus fréquent chez les patients TP (60 % versus 23,6 %, p<0,001) ainsi que le taux des anti ADN natifs (31,2 % versus 0 %, p<0,001).
Conclusion |
Le profil triple positif est significativement associé à un risque plus élevé de rechutes thrombotiques ou obstétricales.
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Vol 42 - N° S2
P. A306-A307 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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