Caractéristiques et évolution des neutropénies présumées immunologiques de l’adulte : données d’une série rétrospective monocentrique de 55 cas - 24/11/21
Résumé |
Introduction |
Les neutropénies immunologiques (ou auto-immunes) de l’adulte constituent un groupe de pathologies hétérogènes, caractérisées par une neutropénie médiée par des anticorps dirigés contre la lignée granuleuse. Elles peuvent être primitives ou secondaires à différentes pathologies, en particulier auto-immunes, lympho-prolifératives ou certains déficits immunitaires. La démonstration formelle du caractère auto-immun est souvent difficile. L’objectif de cette étude est de décrire les caractéristiques cliniques et évolutives de ces patients, en particulier en fonction du caractère primaire versus secondaire, et de la présence ou non d’anticorps anti-granuleux.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective monocentrique, incluant les patients adultes (>18 ans) présentant une neutropénie <1G/L persistante >3 mois, pris en charge entre janvier 2015 et mars 2021. Les canaux d’inclusion étaient le recueil des données du PMSI (code « neutropénie/agranulocytose »), et l’analyse des dossiers de patients du centre pour lesquels une recherche d’anticorps anti-granuleux avait été réalisée. Les critères d’exclusion étaient : hémopathies et cancers solides avec envahissement médullaire, infections, neutropénies iatrogènes, ethniques et constitutionnelles. Les données cliniques, biologiques, thérapeutiques et évolutives étaient recueillies. Une infection sévère était définie par la nécessité d’une antibiothérapie IV ou d’une hospitalisation. La recherche d’anticorps anti-granulocytaires était réalisée par cytométrie en flux sur sang total lysé, puis confirmée par MAIGA. Chez les patients nécessitant un traitement par G-CSF, une réponse était définie par un taux de PNN>0,5G/L et la régression des signes cliniques (infectieux et/ou muqueux).
Résultats |
Au total, 353 patients ont été inclus. Après exclusion des neutropénies <3 mois (n=41) et >1G/L (n=63), 249 patients avec neutropénie chronique étaient analysés. 194 patients étaient exclus : hémopathies et envahissement tumoral (n=95), iatrogènes (n=79), infectieuses (n=10), ethniques (n=8) et constitutionnelles (n=2). Les 55 patients inclus avaient un âge médian au diagnostic de 32 ans, 39 (71 %) étaient des femmes, et 27 (49 %) présentait une pathologie associée (Evans n=11, lupus systémique n=6, LGL n=4, Sjögren n=2, ALPS n=2, mutation de STAT3 n=2, SAPL n=1) (groupe « maladie associée », « MA »), tandis que 28 (51 %) présentait une neutropénie présumée immunologique isolée (groupe « NAI »). La découverte de la neutropénie était le plus souvent fortuite (74 % groupe « MA », 68 % groupe « NAI »), mais la survenue d’une infection sévère était plus fréquente au diagnostic chez les patients avec « MA » (n=5, 19 %) que chez les patients avec « NAI » (n=2, 7 %). Au cours de l’évolution et après un suivi médian de 6,8 ans, il n’y avait pas de différence de fréquence de survenue de manifestations muqueuses (26 % « MA », 21 % « NAI ») ou d’infections sévères (37 % « MA », 46 % « NAI »). La survenue d’infections fongiques était exceptionnelle (n=2 « MA », aucune « NAI »). Malgré l’absence de pathologie associée, la présence de marqueurs auto-immuns était fréquente dans le groupe « NAI » (AcAN+ 48 %, hypergammaglobulinémie 36 %). Lorsqu’ils étaient recherchés, la présence d’Ac anti-granuleux était plus fréquente dans le groupe « MA » (7/15, 47 %) que dans le groupe « NAI » (3/22, 14 %). Sept patients (26 %) du groupe « MA » ont normalisé leur PNN en fin de suivi, contre seulement 2 (7,1 %) du groupe « NAI ». Le G-CSF était utilisé chez 13 patients (48 %) du groupe « MA » et 9 patients (32 %) du groupe « NAI » avec une bonne réponse globale (85 % et 100 %, respectivement). Le recours à un traitement immunosuppresseur était rare dans le groupe « NAI » 18 % versus 78 % dans le groupe « MA ». La comparaison entre le groupe « recherche d’Ac anti-granuleux positive » (« Ac+ », n=10) et négative (« Ac - », n=27) ne retrouvait pas de différence en dehors de la fréquence d’une maladie associée dans le groupe « Ac+ » (70 % vs 30 % dans le groupe « Ac- », p=0,05), en particulier l’association à une thrombopénie immunologique (p<0,01), et de l’utilisation de rituximab au cours de l’évolution (40 % vs 7 %, p=0,04).
Conclusion |
Les caractéristiques évolutives des neutropénies immunologiques primitives et secondaires semblent relativement comparables, avec la survenue d’infections sévères chez plus d’un 1/3 des patients dans cette situation. La présence d’anticorps anti-granuleux semble plus fréquemment associée aux neutropénies secondaires (syndrome d’Evans), mais leur signification pronostique en termes de complication et de réponse au traitement au sein des neutropénies immunologiques primitives nécessite la réalisation d’études sur de plus larges effectifs.
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Vol 42 - N° S2
P. A316-A317 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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