S'abonner

Étude BOB-ACG: intérêt du bolus de prednisolone dans la prévention de la bilatéralisation de l’atteinte ophtalmologique au cours de l’artérite à cellules géantes - 24/11/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.10.303 
R. Foré 1, , G. Gondran 1, E. Liozon 1, T. Sené 2, H. Emmanuel 3, V. Lacombe 4, M. Leclercq 5, J. Magnant 6, C. Beuvon 7, D. de Mornac 8, B. Terrier 9, M. Samson 10, J.F. Alexandra 11, J. Noureddine 12, B. Granel 13, P.Y. Robert 14, S. Dumonteil 1, K.H. Ly 1, A.L. Fauchais 1
1 Médecine interne, CHU Limoges, Limoges 
2 Médecine interne, Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, Paris 
3 Médecine interne, C.H. National d’Ophtalmologie des Quinze-Vingts, Paris 
4 Médecine interne, C.H.U. d’Angers, Angers 
5 Médecine Interne, CHU Charles Nicolle, Rouen 
6 Médecine Interne, CHRU Bretonneau, Tours 
7 Médecine interne, CHU de Poitiers, Poitiers 
8 Médecine Interne, Hôtel-Dieu, Nantes 
9 Médecine Interne, Hôpital Cochin, Paris 
10 Médecine Interne et Immunologie Clinique, CHU de Dijon, Dijon 
11 Médecine interne, Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris 
12 Médecine Interne, CHU Clermont-Fd: Site Gabriel-Montpied, Clermont-Ferrand 
13 Médecine Interne, Hôpital Nord, Marseille 
14 Ophtalmologie, CHU Limoges, Limoges 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’artérite à cellules géantes (ACG) se complique dans 10 à 20 % des cas d’une ischémie visuelle permanente (IVP), le plus souvent par neuropathie ischémique optique antérieure aiguë. Ces formes représentent une urgence thérapeutique, compte tenu de la profondeur habituelle du déficit visuel installé et d’un risque élevé d’atteinte controlatérale, souvent asynchrone. Les recommandations actuelles, basées sur de faibles niveaux de preuves, préconisent l’utilisation, en cas d’IVP unilatérale, de bolus intraveineux de méthylprednisolone (MP) à la posologie de 500 à 1000mg/jour pendant 3jours, suivis d’une corticothérapie orale (CO) à 1mg/kg/jour, visant essentiellement à préserver la vision de l’œil controlatéral. Notre étude a pour but de vérifier si cette stratégie diminue significativement le risque d’IVP précoce du 2e œil, par rapport à la mise directe sous CO à 1mg/kg/jour.

Patients et méthodes

Étude observationnelle rétrospective multicentrique menée sur les 15 dernières années dans 13 centres hospitaliers français. Les critères d’inclusion comportaient:

– ACG confirmée par les critères ACR;

– IVP strictement unilatérale, confirmée par l’équipe locale d’ophtalmologie;

– corticothérapie orale à la dose d’au moins 0,9mg/kg/jour à l’induction;

– pour le groupe bolus de MP, dose totale comprise entre 900 et 5000mg;

– suivi rapproché et connaissance du statut visuel à 1 mois de l’initiation du traitement, ou plus tôt en cas d’évènement.

Les deux groupes ont été comparés, à l’initiation du traitement, sur de nombreux paramètres cliniques démographiques ou liées à l’ACG (ophtalmologiques et extra-ophtalmologiques), la positivité de l’artère temporale, le délai (enjours) de prise en charge par rapport à la survenue de l’IVP, les principaux facteurs de risque cardiovasculaires et le score de CHADS-VASc, l’utilisation d’antiagrégants plaquettaires (AAP) ou d’anticoagulants (AC), la prise de statines, le mécanisme de l’atteinte visuelle, le degré de perte visuelle (échelle logarithmique). La différence de fréquence de survenue d’une IVP controlatérale dans le mois suivant la mise en route du traitement entre les 2 groupes (MP et CO) a fait appel au test du Chi2. Les deux populations de patients (avec et sans IVP secondaire) ont été comparées sur divers paramètres ayant pu influencer le risque visuel ischémique sous traitement. La comparaison a été optimisée par méthode des scores de propension (SP).

Résultats

Sur 132 patients inclus, 99 étaient dans le groupe MP et 33 dans le groupe CO. Les deux populations étaient globalement équilibrées, avec cependant une fréquence plus élevée de claudication ischémique des mâchoires, de patients jeunes et une élévation plus importante des paramètres inflammatoires biologiques dans le groupe MP. 17 ont eu, en cours d’induction thérapeutique, une IVP controlatérale dont 1 dans le groupe CO et 16 dans le groupe MP (3 vs 16,2 %; p=0,069). La comparaison des patients avec/sans IVP secondaire n’a pas montré de différence significative en termes de type de corticothérapie initiale (MP vs CO), dose et durée de bolus de MP, dose initiale de CO, délai entre le premier évènement visuel et l’initiation du traitement, usage d’AAP ou d’AC, taux moyen de VS, CRP, hémoglobine et plaquettes au diagnostic. Avec la pondération par SP, le risque d’IVP controlatérale est significativement associé au traitement par MP (OR: 15,84; IC [4,31-115,26]; p<0,001). Les complications sévères attribuables à la corticothérapie le premier mois sont significativement plus fréquentes dans le groupe MP (34,2 vs 12,9; p=0,03).

Conclusion

Nos résultats ne sont pas en faveur de l’utilisation systématique de bolus de MP dans l’ACG compliquée d’IVP unilatérale. Cependant, l’étude est rétrospective, avec de possibles biais d’inclusion non identifiés, les patients mis sous bolus de MP pouvant être plus à risque d’une deuxième amaurose en début de traitement. De plus, l’effectif total relativement faible, le déséquilibre des populations (bolus de MP proposés 3 fois plus souvent que la CO directe), l’hétérogénéité thérapeutique et le faible nombre d’évènements secondaires limitent la portée des résultats présentés. Une étude prospective randomisée multicentrique comparant les bolus de MP à la CO à 1mg/kg/jour, en prévention d’une cécité controlatérale, est souhaitable.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2021  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 42 - N° S2

P. A336 - décembre 2021 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Traitement des vascularites à IgA cutanées réfractaires ou récidivantes chez l’adulte
  • A. Glatre, T. Mahévas, C. Jaccard, G. Moulis, F. Chasset, P. Senet, E. Pillebout, X. Puéchal, C.A. Durel, A. Audemard-Verger, V. Grobost, M. Jachiet, B. Terrier
| Article suivant Article suivant
  • L’utilisation de Rituximab chez le sujet âgé pour une maladie auto immune est à risque accru d’infection opportuniste
  • L. Lemoine, M.S. Agier, A. Audemard-Verger, L. Chouchana, J. Michot, A.P. Jonville-Bera

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.