S'abonner

Un cas de prurigo pigmentosa sous régime cétogène - 24/11/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.10.090 
R. Frioui , H. Houda, B. Asma, Z. Anissa, S. Fenniche
 Service de dermatologie, hôpital Habib Thameur, Tunis, Tunisie 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le prurigo pigmentosa (PP) est une dermatose inflammatoire peu commune marquée par son caractère prurigineux et son aspect réticulé typique du tronc, laissant un réseau pigmenté cicatriciel. Entité rare, elle est principalement rencontrée chez les jeunes femmes japonaises mais peut se voir dans tous les pays du monde. Nous rapportons un cas de PP survenant chez un homme sous régime cétogène (keto-diet).

Observation

Un homme de 38 ans, sans antécédents pathologiques notables, nous a consulté pour une éruption prurigineuse localisée au niveau de la moitié supérieure du dos évoluant depuis 1 mois par poussée. L’éruption est apparue 3 semaines après avoir commencé un régime cétogène pauvre en glucides. À l’examen physique, il y avait de multiples papules érythémateuses œdémateuses coalescentes formant un réseau réticulé inflammatoire. On a noté par ailleurs des macules pigmentées réticulées. L’examen aux bandelettes urinaires avait objectivé une acétonurie à 3 croix. L’examen histopathologique a montré une spongiose associée à un infiltrat dermique périvasculaire lymphohistiocytaire riche en polynucléaires neutrophiles et éosinophiles. Le diagnostic de PP était porté. Le patient a été mis sous doxycyline 100mg/jour et le régime cétogène a été interrompu. L’évolution était favorable marquée par la disparition des lésions prurigineuses au dépend d’une hyperpigmentation post-inflammatoire réticulée. Aucune rechute n’était rapportée après 3 mois de suivi.

Discussion

Bien que rare, le PP a un aspect clinique très évocateur qui doit facilement en faire évoquer le diagnostic. Les lésions prurigineuses sont distribuées de façon symétrique sur le tronc et la nuque et évoluent par poussées, laissant une pigmentation réticulée. Le diagnostic était retenu chez notre patient devant la présentation clinique stéréotypée, la bonne réponse aux tétracyclines et l’aspect histologique d’une papule montrant un infiltrat polymorphe du derme superficiel, constitué essentiellement de lymphocytes associés à quelques polynucléaires neutrophiles ainsi qu’un épiderme siège de foyers de spongiose modérée.

D’étiologie encore indéterminée, le PP était souvent associé au jeûne prolongé, diabète type 1, anorexie mentale, chirurgie bariatrique, grossesse avec vomissements intenses, et aux régimes amaigrissants. Toutes ces conditions entraînent une augmentation de la production des corps cétoniques. En effet, un taux élevé de cétones dans le sang et/ou urines était détecté dans plusieurs études chez des patients atteints de PP. On a émis l’hypothèse que les corps cétoniques jouent un rôle dans l’induction de l’inflammation périvasculaire, principalement par l’intermédiaire des neutrophiles, ce qui explique la réponse aux médicaments agissant sur les neutrophiles comme la dapsone et les tétracyclines. Ils agissent également par un rôle direct en provoquant des dommages intracellulaires. Un régime cétogène consiste à réduire la teneur en glucides de l’alimentation (généralement à moins de 50g/j) tout en augmentant la fraction des apports en matières grasses et en protéines créant ainsi un état de cétose. Il est de plus en plus connu et pratiqué dans le monde. En conséquence, les cas de PP, également connus sous le nom de « keto-rash » sont de plus en plus rapportés.

Conclusion

Notre observation souligne l’importance de bien connaître cette entité afin de prendre en charge précocement et efficacement ces patients en traitant la cétonémie sous-jacente. Ceci permet d’obtenir une rémission des poussées inflammatoires et d’éviter l’installation des cicatrices hyperpigmentées. Une sensibilisation des jeunes sur les risques de ce type de régime s’impose.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2021  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 42 - N° S2

P. A390-A391 - décembre 2021 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Pellagre : étude clinique sur 25 ans
  • M. Ben Slimane, F.Z. Alaoui, A. Souissi, W. Sassi, M. Mokni
| Article suivant Article suivant
  • Le prurit sine materia : étude rétrospective de 435 cas
  • C. kouki, M. Amouri, F. Hammami, M. Hela, K. Sellami, S. Boudaya, E. Bahloul, H. Turki

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.