Les antivitamines K (AVK) sont le gold standard pour le traitement de la maladie veineuse thrombo-embolique particulièrement dans les pays où les anticoagulants oraux directs ne sont pas encore disponibles. Leur utilisation reste toutefois émaillée d’une importante morbi-mortalité secondaire avec une difficulté de maintenir le rapport international normalisé (INR) des patients dans la fourchette thérapeutique. L’objectif de ce travail est d’étudier les complications hémorragiques chez des patients traités par AVK pour une maladie veineuse thromboembolique.

Il s’agit d’une étude prospective, longitudinale et descriptive incluant les patients admis dans un service de médecine interne entre le 1^er Juillet 2020 et le 31 mars 2021. Cent patients suivis pour une maladie veineuse thrombo-embolique confirmée par une imagerie médicale et traités par AVK étaient inclus. La survenue de complications hémorragiques était rapportée.

L’âge moyen des patients était de 59,4±16,7 ans. Il y avait une prédominance féminine avec un genre-ratio de 1,5. Le motif du traitement anticoagulant était une TVP dans 57 % des cas. Nous avons noté 25 de complications hémorragiques. Dix-sept cas d’hémorragie majeure étaient recensés (une hémorragie digestive (n=9), d’un hématome musculaire profond (n=3), d’une hémorragie cérébrale (n=3), d’une hémorragie sous-conjonctivale (n=1) et d’un hémothorax (n=1)) et 16 hémorragies mineures à type d’épistaxis (n=7), de gingivorragie (n=3) ou d’ecchymose (n=6), ainsi que quinze complications thrombotiques et un décès survenant sous traitement par AVK. Ces complications survenaient dans les trois premiers mois dans 62,5 % des cas (n=25). La survenue de complications hémorragiques était significativement corrélée à la prise concomitante d’un traitement médicamenteux interagissant avec les AVK au long cours (p=0,002).

Les AVK possèdent une marge thérapeutique étroite ainsi qu’une grande variabilité inter et intra-individuelle exposant au risque de surdosage. Ce traitement expose à des complications hémorragiques qui peuvent d’avérer fatales, d’où la nécessité d’une surveillance biologique régulière.