Malgré les avancements thérapeutiques, et l’arrivée des nouveaux médicaments anti coagulants oraux (AOD) sur le marché tunisien, le Sintrom (DCI : Acénocoumarol) reste le traitement le plus utilisé dans la prévention d’événements thromboembolique. Ce traitement nécessite un suivi régulier via l’INR qui doit être dans une fourchette thérapeutique étroite pour garantir l’efficacité thérapeutique et éviter le risque de surdosage qui peut engendrer des accidents fatals. Parmi les moyens d’assurer l’observance au long cours, l’éducation thérapeutique prend une place primordiale et doit être faite de façon régulière et adaptée au patient.

Étude transversale, descriptive et comparative incluant les patients sous AVK : Acénocoumarol ayant bénéficié d’une séance d’éducation thérapeutique assurée à notre service concernant ce traitement, les précautions à prendre, les risques et les moyens de suivi. Dans un deuxième temps, chaque patient a répondu à un questionnaire évaluant les concepts retenus de cette séance et les résultats sur l’efficacité thérapeutique moyennant le taux de l’INR. Les patients étaient contactés via un entretien face to face ou téléphonique. Le recueil des données cliniques a été complété à partir des dossiers médicaux.

Les séances d’éducation ont intéressé trente patients. Onze patients ont été contactés, cinq femmes et six hommes âgés entre 16 et 70 ans. Tous ont été traités par l’Acénocoumarol (traitement anti coagulant anti vitamine K) suite à un événement thrombotique notamment une thrombose veineuse profonde. Le traitement a été pris pour une durée supérieure à six mois voire même à vie. La séance d’éducation thérapeutique a été faite lors de contrôle à la consultation externe ou à notre service moyennant une présentation animée en arabe, et des brochures avec une explication adaptée à chaque patient. Le questionnaire a été réalisé 4 mois après la dernière séance d’éducation. Avant la séance, quatre (36 %) ont présenté un surdosage aux AVK, et cinq (soit 45 %) avaient une INR hors cible thérapeutique. Tous les patients pensaient que l’éducation thérapeutique les a aidés à mieux comprendre leur traitement et qu’elle les a permis de mieux adhérer au traitement. Concernant les concepts retenus, l’observance thérapeutique était la plus citée par nos patients (72 %), suivie par le risque des associations médicamenteuses (auto médication) (63 %), les précautions alimentaires et le suivi régulier par INR arrivent juste après (54 %), en dernier lieu arrivent le besoin de déclarer la prise d’Acénocoumarol à tout personnel de santé et l’interdiction des injections en IM (36 %). Aucun incident de surdosage n’est survenu au cours de suivi et l’INR cible était atteint pour 10 patients.

Ce travail réalisé sur un échantillon de onze patients montre qu’une éducation thérapeutique adaptée au profil du patient améliore l’observance, diminue les risques associés au traitement et aide à maintenir les objectifs thérapeutiques.